ÉCONOMIE Les « leaks » utiles à long terme
Les « Paradise Papers », publiés dimanche par le consortium internatio-
nal des journalistes d’investigation (ICIJ), viennent s’ajouter à une liste déjà longue de scandales dévoilés au grand jour. Ce qui peut laisser penser que rien ne change. Mais est-ce vraiment le cas ?
Les « Luxleaks ». En 2014, l’ICIJ révèle que 340 entreprises ont passé des accords secrets (des rescrits), mais légaux, avec le fisc luxembourgeois afin de réduire considérablement le montant des impôts qu’elles doivent acquitter dans le pays. Ces « Luxleaks » ont débouché sur un procès... celui des lanceurs d’alerte qui ont été condamnés à des amendes et une peine de prison avec sursis. L’affaire a néanmoins poussé l’Union européenne à réagir. « Désormais, les Etats doivent s’échanger les rescrits fiscaux », rappelle Manon Aubry, responsable plaidoyer justice fiscale à Oxfam. Mais « les documents ne sont pas rendus publics. »
Les « Panama Papers ». Plus de onze millions de documents en provenance du cabinet d’avocats panaméen Mossack Fonseca révèlent en avril 2016 l’existence d’un vaste système d’évasion fiscale à travers le monde. Le scandale a conduit au lancement de 150 enquêtes dans 79 pays et poussé le Panama à signer une convention internationale contre la fraude fiscale. Il a aussi permis « d’accélérer la révision de la direction européenne pour lutter contre le blanchiment d’argent », note Manon Aubry.
Les « Football leaks ». Clauses secrètes, sociétés factices pour « optimiser » les revenus des footballeurs : tout un pan de l’économie du football est révélé via les « Footleaks », que partage l’hebdomadaire allemand Der
Spiegel en décembre 2016. L’attaquant vedette du Real Madrid, Cristiano Ronaldo, est poursuivi par le fisc espagnol pour fraude fiscale. Le buteur colombien Radamel Falcao (AS Monaco) est quant à lui mis en examen, tout comme son agent Jorge Mendes. Le joueur du PSG Angel Di Maria, lui, a accepté une transaction avec la justice espagnole. Ces trois exemples montrent que « c’est une situation qui dure depuis des décennies et qu’on ne change pas en un claquement de doigts », concède l’eurodéputée écologiste et ancienne juge d’instruction Eva Joly.