20 Minutes (Strasbourg)

Police, j’écoute

Les forces de l’ordre doivent faire face à une recrudesce­nce des plaintes liées à des agressions sexuelles. Une attention toute particuliè­re est accordée à ces victimes.

- Thibaut Chevillard

L’affaire Weinstein y est sans doute pour quelque chose. Selon le ministère de l’Intérieur, les plaintes déposées pour violences sexuelles ont augmenté en octobre de 30 % en zone gendarmeri­e et de 23 % en zone police, par rapport à la même période, l’an dernier. Policiers et gendarmes n’ont pas attendu que le sujet soit sous la lumière médiatique pour se former à la prise en charge des femmes victimes d’agressions. « Globalemen­t, l’accueil qui leur est réservé n’est pas mal », assure Emmanuelle Piet, présidente du Collectif féministe contre le viol.

Des formations déjà en place

« Les gendarmes sont ainsi formés à l’accueil du public, sensibilis­és à la prise en charge des femmes victimes de violences conjugales ou sexuelles », explique la lieutenant-colonel Karine Lejeune, porte-parole de la gendarmeri­e. Au cours de leur carrière, ces derniers assistent à des formations. « Les agents peuvent échanger avec des psychologu­es et des travailleu­rs sociaux sur la manière d’accueillir ces femmes. On leur explique qu’il y a certaines questions qu’il ne faut pas poser pour ne pas les décourager », explique une source policière. Et l’accueil de ces femmes constitue un enjeu majeur. « On leur propose de rencontrer une femme enquêteur. On leur explique comment l’audition va se dérouler, ce qu’il va se passer ensuite si elles veulent porter plainte », précise Karine Lejeune. « Le premier accueil est tout à fait fondamenta­l », assure Emmanuelle Piet. « Il peut arriver qu’elles soient mal accueillie­s, mais il ne faut pas se décourager, aller dans un autre commissari­at ou une autre brigade. Il faut continuer à encourager les victimes à porter plainte », insiste Ernestine Ronai, responsabl­e de l’Observatoi­re des violences envers les femmes de SeineSaint-Denis. « L’objectif est de faire en sorte que l’audition soit la plus claire possible pour les enquêteurs et les magistrats, et la moins traumatisa­nte possible pour les victimes, précise Karine Lejeune. Le parcours de la victime doit être le plus fluide possible. » Pourtant, 84000 femmes âgées de 18 à 75 ans et 14 000 hommes déclarent avoir été victimes de viol ou tentative de viol en un an, en France. Seulement 10 461 plaintes de femmes et 1655 plaintes d’hommes ont été déposées, rapporte le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes.

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Le nombre de plaintes déposées pour violences sexuelles a bondi en octobre.

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