20 Minutes (Strasbourg)

La question du suivi psychologi­que des policiers se pose après la tuerie de Sarcelles

- Thibaut Chevillard

Samedi soir à Sarcelles (Vald’Oise), Arnaud Martin, 31 ans, gardien de la paix, a tué trois personnes avec son arme de service avant de se suicider. Parmi les victimes, Dominique Perrier. « N’y a-t-il pas un suivi psychologi­que de ces gens qui doivent donner l’exemple et nous protéger ? » s’est demandé sa belle-soeur, Noria Madani, interrogée par Le Parisien. Après le 13-Novembre, les policiers ont obtenu le droit de garder leur arme de service en permanence. « C’était une demande très forte de leur part, surtout après l’attentat de Magnanvill­e. Nos collègues ont été assassinés chez eux, à cause de leur métier », rappelle à 20 Minutes Christophe Rouget, secrétaire national du Syndicat des cadres de la sécurité intérieure. Selon lui, cette mesure permet aussi aux policiers hors service « de porter secours à des personnes en détresse, ou d’empêcher des délits ».

Une hiérarchie frileuse

Pour conserver leur arme, ils doivent en faire la demande auprès de leur chef de service. Une note du directeur de la police, datée de mars, précise que ce dernier peut s’y opposer, soit pour préserver la « santé » du policier, soit s’il présente une quelconque « dangerosit­é », soit s’il « a commis une faute ». « Ces dispositio­ns sont suffisante­s car, si un problème est détecté, l’arme lui sera retirée, même lorsqu’il est en service », affirme Christophe Rouget, précisant que le drame de Sarcelles n’est « pas lié » au port de l’arme hors service. Les policiers peuvent, de même, rencontrer des psychologu­es. Mais, selon Alexandre Langlois, secrétaire général du syndicat Vigi ministère de l’Intérieur, leur hiérarchie faisant face à des problèmes de sous-effectifs, elle « les décourage d’aller les voir », de peur qu’ils soient arrêtés. Par ailleurs, le nombre de jours d’arrêt-maladie pris dans l’année est inscrit dans le dossier des fonctionna­ires, ce qui peut avoir des conséquenc­es sur leurs demandes d’avancement ou de mutation. Pourtant, les policiers sont particuliè­rement exposés aux risques psychosoci­aux. « Ils n’ont qu’un week-end sur six, effectuent de nombreuses heures supplément­aires… énumère Alexandre Langlois. Le travail leur prend tout. Cela engendre des divorces, et tout ce qui va avec. »

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 ??  ?? Un gardien de la paix a tué, samedi, dans le Val-d’Oise, trois personnes avec son arme avant de se donner la mort.
Un gardien de la paix a tué, samedi, dans le Val-d’Oise, trois personnes avec son arme avant de se donner la mort.

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