« L’apprentissage doit être une filière de réussite »
MURIEL PÉNICAUD La ministre du Travail entend faire de l’apprentissage « une filière de réussite »
En déplacement en Alsace lundi, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a répondu aux questions de 20 Minutes sur l’apprentissage, que le gouvernement souhaite réformer début 2018. Comment réussir à augmenter le nombre d’apprentis en France, votre objectif affiché ? Il y a deux obstacles à franchir : l’orientation et le calendrier. Il y a 400 000 apprentis en France et 70 % ont un emploi dans les mois qui suivent la fin de leur cursus. Avec leurs familles, les jeunes doivent avoir accès à des informations sur les formations d’apprentis, où elles se passent, comment elles sont financées, le taux de réussite du diplôme, la chance d’avoir un emploi derrière, à quel salaire, etc. Par ailleurs, les jeunes ne peuvent s’engager en ap- prentissage qu’entre septembre et décembre. Si le jeune et son entreprise se rencontrent en janvier, ils sont obligés d’attendre l’année d’après pour démarrer leur cursus et leur projet, souvent, tombe à l’eau. Il y a beaucoup de pertes d’opportunités parce que c’est très rigide. De manière générale, il faut que le système soit rebâti autour du jeune et l’entreprise. Le problème de la valorisation vient-il des parents, dont certains enfants seraient « trop brillants » pour choisir l’apprentissage ? Les parents non plus ne savent pas ce qu’est l’apprentissage. Le pari, c’est d’en faire une filière de réussite. En Suisse, 65 % des jeunes passent à un moment donné par l’apprentissage pour se former, c’est une voie normale. Là-bas, on peut faire un apprentissage en boulangerie, puis reprendre des études longues et faire médecine. En France, il y a encore du chemin ! Sur les aides, certains acteurs demandent plus de simplicité et de stabilité… Ils ont raison. Pour les petites entreprises, où se fait une grande partie de l’apprentissage, il y a cinq types d’aide. Pour certains artisans, au total, c’est gratuit, mais ils ne le savent pas, car c’est trop compliqué. Il ne faut pas moins d’aides, mais les simplifier. Il faut aussi améliorer la formation et la reconnaissance des tuteurs et maîtres d’apprentissage. Il y a différentes formes possibles, on va en discuter avec les partenaires sociaux. Comment faire pour avoir des diplômes en phase avec les évolutions actuelles du travail ? Il faut que les partenaires sociaux des branches soient plus impliqués et que les diplômes ne soient plus revus tous les cinq ans, mais adaptés de manière plus fluide.