20 Minutes (Strasbourg)

Le très médiatique « logeur de Daesh » à la barre

- Caroline Politi et Vincent Vantighem

«J’étais pas au courant que c’étaient des terroriste­s, moi. (…) On m’a demandé de rendre service, j’ai rendu service. » Le 18 novembre 2015, après quatre jours d’effroi, l’interview surréalist­e de Jawad Bendaoud au micro de BFMTV fait esquisser un premier sourire à un pays encore sous le choc des attentats de Paris. Alors que l’assaut du Raid contre la planque d’Abdelhamid Abaaoud à Saint-Denis est toujours en cours, l’homme de 29 ans confie être le « propriétai­re » de l’appartemen­t. Le « logeur de Daesh » sera interpellé quelques minutes plus tard. Son procès pour recel de malfaiteur­s terroriste­s s’ouvre mercredi devant le tribunal correction­nel de Paris. A ses côtés, Mohamed Soumah, soupçonné d’avoir joué les intermédia­ires avec Hasna Aït Boulhacen, la cousine d’Abaaoud, morte durant l’assaut. Il est reproché aux deux hommes d’avoir fourni un hébergemen­t « à des individus dont ils ne pouvaient ignorer qu’ils étaient des terroriste­s ». Youssef Aït Boulhacen, frère d’Hasna, comparaît pour non-dénonciati­on d’un crime. Les enquêteurs ont noté de nombreux appels entre eux, coïncidant avec le moment où la jeune femme était en contact avec les terroriste­s.

Plus de 260 parties civiles

« Il ne faut pas sous-estimer les faits reprochés, met en garde l’avocat Méhana Mouhou, qui défend des victimes du Bataclan et des habitants de l’immeuble de Saint-Denis. On est dans la continuité des attentats. Ce logement servait de base arrière et, sans l’interventi­on du Raid, il aurait également permis aux terroriste­s de préparer une nouvelle vague d’attentats », notamment contre le centre commercial de La Défense. Jusqu’à présent, 266 parties civiles se sont manifestée­s. D’autres pourraient le faire à l’ouverture du procès. « Certaines n’en attendent pas grand-chose, mais veulent symbolique­ment exister, d’autres espèrent avoir accès à une première vérité », précise Claire Josserand Schmidt qui défend une dizaine de parties civiles. La personnali­té éruptive de Jawad Bendaoud permettra-t-elle d’y accéder ? Tout au long de la procédure, lui et les deux autres prévenus n’ont eu de cesse de nier avoir eu connaissan­ce de l’identité des « locataires ». Pourtant, Jawad Bendaoud a confié à ses proches avoir trouvé louche que ces Belges louent 150 € un appartemen­t sans eau ni électricit­é et lui demandent la direction de La Mecque. Mohamed Soumah et lui encourent six ans de prison, Youssef Aït Boulhacen, trois ans.

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Le 18 novembre 2015, l’homme avait fait des révélation­s en direct sur BFMTV.

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