Les experts divisés sur l’état mental de l’accusé
La schizophrénie de l’homme accusé du double meurtre de Lingolsheim divise les psy
Le sujet était évoqué depuis l’ouverture du procès à Strasbourg, lundi. En filigrane, au cours des différentes auditions. Ou, parfois, lors d’échanges un peu plus animés. Les professionnels de santé – six experts durant le temps de l’instruction – qui se sont entretenus avec Mohamed El Amri s’accordent sur le fait que cet homme, accusé du meurtre de sa compagne et de leur bébé de deux mois à Lingolsheim en 2015, ainsi que d’une double tentative d’homicide, souffre de psychose.
Délire hallucinatoire
Présenté comme schizophrène, Mohamed El Amri était en rupture de traitement au moment des faits. Etait-il conscient de ces actes ? Y a-t-il eu altération ou abolition du discernement ? Les experts psychiatres ne sont pas d’accord. Ils étaient entendus par la cour mercredi. Notant une « importante dangerosité psychiatrique et criminologique », le Dr Herbay a conclu à un discernement altéré, mais pas aboli. Pour elle, Mohamed El Amri doit bénéficier d’une réponse psychiatrique et judiciaire. « Durant l’examen, j’ai noté que le contact avec la réalité, le rapport à l’autre, n’étaient pas totalement rompus. Il y avait une intentionnalité dans le passage à l’acte, il avait un certain libre-arbitre et une conscience des interdits », poursuit la psychiatre qui parle, pour l’état mental de l’accusé, d’un « continuum de vécus persécutifs devenu intenses ». Deux autres psychiatres ont partagé son avis d’altération au discernement. Un autre ne voit, lui, aucun lien entre la pathologie et l’homicide. A l’opposé, deux psychiatres, dont le Dr Amarilli à la barre mercredi, concluent à une abolition du discernement. « C’est un geste immotivé », indique le psychiatre devant la cour, qui évoque une psychose hallucinatoire. Il s’appuie sur des propos de l’accusé, qui avait confié que des voix lui disaient : « Tue ou je vais te tuer. » Le Dr Amarilli demande : « Quel est le moteur du passage à l’acte, à part le délire hallucinatoire persécutif ? interroge le Dr Amarilli. Je ne vois pas quelle autre explication logique donner. »