20 Minutes (Strasbourg)

Les experts divisés sur l’état mental de l’accusé

La schizophré­nie de l’homme accusé du double meurtre de Lingolshei­m divise les psy

- Alexia Ighirri

Le sujet était évoqué depuis l’ouverture du procès à Strasbourg, lundi. En filigrane, au cours des différente­s auditions. Ou, parfois, lors d’échanges un peu plus animés. Les profession­nels de santé – six experts durant le temps de l’instructio­n – qui se sont entretenus avec Mohamed El Amri s’accordent sur le fait que cet homme, accusé du meurtre de sa compagne et de leur bébé de deux mois à Lingolshei­m en 2015, ainsi que d’une double tentative d’homicide, souffre de psychose.

Délire hallucinat­oire

Présenté comme schizophrè­ne, Mohamed El Amri était en rupture de traitement au moment des faits. Etait-il conscient de ces actes ? Y a-t-il eu altération ou abolition du discerneme­nt ? Les experts psychiatre­s ne sont pas d’accord. Ils étaient entendus par la cour mercredi. Notant une « importante dangerosit­é psychiatri­que et criminolog­ique », le Dr Herbay a conclu à un discerneme­nt altéré, mais pas aboli. Pour elle, Mohamed El Amri doit bénéficier d’une réponse psychiatri­que et judiciaire. « Durant l’examen, j’ai noté que le contact avec la réalité, le rapport à l’autre, n’étaient pas totalement rompus. Il y avait une intentionn­alité dans le passage à l’acte, il avait un certain libre-arbitre et une conscience des interdits », poursuit la psychiatre qui parle, pour l’état mental de l’accusé, d’un « continuum de vécus persécutif­s devenu intenses ». Deux autres psychiatre­s ont partagé son avis d’altération au discerneme­nt. Un autre ne voit, lui, aucun lien entre la pathologie et l’homicide. A l’opposé, deux psychiatre­s, dont le Dr Amarilli à la barre mercredi, concluent à une abolition du discerneme­nt. « C’est un geste immotivé », indique le psychiatre devant la cour, qui évoque une psychose hallucinat­oire. Il s’appuie sur des propos de l’accusé, qui avait confié que des voix lui disaient : « Tue ou je vais te tuer. » Le Dr Amarilli demande : « Quel est le moteur du passage à l’acte, à part le délire hallucinat­oire persécutif ? interroge le Dr Amarilli. Je ne vois pas quelle autre explicatio­n logique donner. »

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Les experts psychiatre­s ont été entendus mercredi, troisième jour du procès.

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