20 Minutes (Strasbourg)

« Les formes de violences en ligne sont méconnues

Le magistrat déplore la faiblesse de la répression

- Propos recueillis par Hélène Sergent

«Sale pute », « salope », « j’vais te violer. » Sur Twitter, Facebook ou dans les commentair­es de vidéos YouTube, les insultes et menaces sexistes sont régulièrem­ent publiées, parfois signalées, rarement supprimées. Une « impunité » à l’égard des violences faites aux femmes en ligne dénoncée dans un rapport du Haut Conseil à l’égalité, que 20 Minutes a consulté. Magistrat et coprésiden­t de la commission violences de genre au sein de cette instance consultati­ve, Edouard Durand analyse le contenu des recommanda­tions émises par les rapporteur­s.

Peut-on parler d’impunité en matière de répression des violences sexistes en ligne ?

Nous utilisons ce terme, car il existe déjà pour ces violences des qualificat­ions pénales qui permettent de les réprimer et de protéger les victimes. Mais, ce que l’on observe, c’est qu’il y a peu de condamnati­ons. La diffamatio­n ou l’injure en raison du sexe ou de l’orientatio­n sexuelle en ligne n’ont fait l’objet que de 21 condamnati­ons en 2016 en France. Ensuite, on constate que beaucoup de formes de violences en ligne sont encore méconnues.

Lesquelles ?

On peut, par exemple, citer le cybercontr­ôle dans le couple, soit la création d’une emprise de l’homme sur la femme, via les nouvelles technologi­es. Cela peut être l’intrusion du conjoint dans les données privées, dans le téléphone, dans les mails, pour pouvoir capter les informatio­ns personnell­es de la victime. Ses conséquenc­es psychotrau­matiques nous ont particuliè­rement inquiétés. Ce qu’il faut absolument garder à l’esprit, c’est que les violences en ligne s’inscrivent dans une continuité des violences perpétrées dans la vie « réelle ». Elles ne sont pas virtuelles.

L’une des recommanda­tions consiste à obliger par la loi les plateforme­s à réagir aux signalemen­ts dans les plus brefs délais ? Comment ?

Nous souhaitons que les prouesses technologi­ques soient mises au service de la lutte contre les violences et que chaque plateforme soit responsabl­e de ces espaces. Le testing que nous avons réalisé a montré que seuls 7,7 % de tous les contenus sexistes signalés ont été supprimés. Sur YouTube, aucun contenu signalé n’a été retiré.

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Capture d’écran de la vidéo d’une campagne anti-cyber-harcèlemen­t.

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