Modèle corsé pour l’Alsace
L’exemple corse est difficilement transposable à la région
Ala lumière des désirs autonomistes corses, on entend des « Et pourquoi pas l’Alsace ? » D’autant que ça pourrait bouger par ici aussi (lire l’encadré). Selon Frédéric Bierry, 2018 doit être l’année de la construction concrète du projet, visant à « retrouver l’identité institutionnelle et politique de l’Alsace ». Bien que « très attaché à la patrie », le président du département du Bas-Rhin ne s’oppose pas à l’idée de « reproduire la situation corse » : « Beaucoup d’Alsaciens me disent qu’ils ne comprendraient pas qu’ils aient moins de droits que les Corses. » Difficile, toutefois, d’appliquer cet exemple à l’Alsace.
D’un côté, l’île de Beauté est, depuis le 1er janvier 2018, la « collectivité de Corse » disposant d’un statut particulier. De l’autre, l’Alsace fait partie de la région Grand Est. Plus question d’en sortir. Mais un appel récemment lancé par 130 signataires (des élus de tous bords et des membres de la société civile) insiste sur l’attachement « indéfectible à la création d’une collectivité territoriale d’Alsace à statut particulier ». « On veut la création d’une nouvelle collectivité par la loi, clarifie encore l’eurodéputée Anne Sander, signataire. Audelà de la fusion des départements, on veut retrouver l’existence institutionnelle pour l’Alsace, que le Grand Est avait effacée. » Avec « a priori une seule assemblée, mais ce sera à l’Etat de le définir ».
Politiques. La collectivité de Corse est dirigée par des nationalistes, élus en décembre 2017. Les conseils départementaux alsaciens et du Grand Est sont dirigés, eux, par des élus Les Républicains. Malgré une percée récente, les régionalistes d’Unser Land ne sont pas en mesure de gouverner.
Revendications. Les demandes exprimées sont différentes. En Alsace, le débat porte surtout sur le transfert de compétences entre départements, région et Etat. En Corse, il est question d’inscription dans la Constitution, de statut de résident ou d’amnistie des « prisonniers politiques ». Anne Sander rejette l’idée d’un parallèle entre les deux territoires : « Nous nous inscrivons dans une action républicaine. Nous sommes pour l’ouverture, pas le repli identitaire. »