Coralie Fargeat balance son gore et ça fait mal
La réalisatrice française se distingue avec « Revenge »
Dans l’excellent et brutal Revenge de Coralie Fargeat, film remarqué à Toronto, Sundance et Gérardmer, une jeune femme violée, Jen (merveilleuse Matilda Lutz), traque ses agresseurs en Diane chasseresse version 2.0. Elle manie armes blanches et gros flingues avec une rage décuplée par le fait que ses bourreaux ont tenté de la tuer. « J’aurais quand même tourné ce film s’il avait été réalisé par un homme, explique la comédienne à 20 Minutes, mais je n’aurais sans doute pas été aussi à l’aise qu’avec Coralie. » Matilda Lutz, et son physique de déesse, évolue en petite tenue d’un bout à l’autre de ce « rape and revenge » (« viol et vengeance ») qui malmène les codes du genre. « C’est une femme libre, explique Coralie Fargeat. Le fait qu’elle s’habille comme elle veut ne justifie pas la réaction sauvage de ces hommes. »
Résolument féministe
Le film n’a de cesse de mettre le gore à l’honneur, que l’héroïne use d’une méthode très personnelle. « Le temps où les réalisatrices étaient cantonnées aux comédies romantiques et aux drames intimistes est révolu, martèle Coralie Fargeat. Les femmes aussi aiment les films qui déménagent. » Bien que Revenge ait été réalisé avant qu’éclatent les mouvements #MeToo et #BalanceTonPorc, son message résolument féministe est dans l’air du temps. Il fait chaud au coeur entre deux décharges d’adrénaline. « Mon héroïne refuse de se taire après avoir été violée et elle fait valoir son bon droit au péril de sa vie, insiste la cinéaste. Elle est une femme d’aujourd’hui qui ne se laisse pas humilier. » Elle donne aussi envie de se lever pour l’applaudir et de ne plus jamais se laisser marcher sur les pieds.