20 Minutes (Strasbourg)

Un pilote de bob formé en trois ans

- Bruno Poussard

Certes, son histoire n’est pas aussi improbable que celle des Rasta Rockets (désolé, référence inévitable). Mais quand même. Originaire de Kaysersber­g au pied du massif vosgien, Romain Heinrich sera, à 28 ans, le pilote du bob à deux français à Pyeongchan­g (lire encadré). Une place gagnée en trois ans. Ingénieur dans le civil, l’Alsacien a déjà connu les JO, mais en pousseur quatre ans plus tôt. Une position qui n’a rien à voir ! Si le changement – presque un « retour à zéro » – lui a demandé un travail « intense », la trajectoir­e pour devenir pilote de bobsleigh était finement calculée : « Dans mon équipage de l’époque, je savais que ça serait très difficile de passer le dernier palier pour gagner des médailles, notamment au niveau de la poussée. » Mordu de glisse depuis petit – jusqu’à skier en nocturne au Lac Blanc, la station des Vosges la plus proche –, Romain Heinrich a toujours aimé la vitesse, mais son truc, en compet’, était le lancer de poids. Jusqu’à intégrer l’élite française malgré des débuts tardifs.

Ancien lanceur de poids

Du bobsleigh, en revanche, il en a vu pour la première fois, de loin, aux JO de Turin en 2006. Mais c’est encore plus tard, en 2011, qu’il a connu son baptême, engagé pour ses qualités physiques à Grenoble (où il est parti pour ses études, après deux ans de prépa à Strasbourg) par des bobeurs de La Plagne, seule piste de France. « Je me suis laissé séduire par le projet sportif, l’idée de m’entraîner pour être sélectionn­é en équipe de France, de voyager pour faire des compétitio­ns internatio­nales », raconte-t-il. Arrivé en début de semaine en Corée du Sud, pour s’adapter à la piste de Pyeongchan­g, Romain Heinrich a pris le temps de l’étudier dans le moindre détail, avant de la tester. Et le pilote de se revoir alors quelques années en arrière : « Devant ma télé aux Jeux de Turin, je ne comprenais pas pourquoi il y avait de tels écarts à la poussée. Maintenant que j’en fais, je comprends mieux à quel point c’est difficile d’aller chercher les derniers centièmes sur le chrono de poussée ! »

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L’équipage n’a néanmoins jamais fait mieux que 13e en Coupe du monde.

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