20 Minutes (Strasbourg)

Anna Karina, le charme et le drame

- Stéphane Leblanc

En 1960, la presse l’a surnommée la fiancée de la Nouvelle Vague. Jean-Luc

Godard en a fait sa muse en lui inventant quelques répliques cultes, comme « Qu’est-ce que je peux faire ? J’sais pas quoi faire » dans Pierrot le Fou. Après sa séparation avec Godard, Anna Karina est notamment partie à New York et en est revenue avec l’envie « assez folle à l’époque » de réaliser un film inspiré de ses « flâneries » parisienne­s et newyorkais­es, « Vivre ensemble » (1973), qui ressort ce mercredi. « Je voulais faire un portrait de cette époque, comment on tombe amoureux rien qu’en se croisant à la terrasse d’un café, une histoire d’amour entre deux jeunes gens dont les caractères s’inversent au milieu du film », explique Anna Karina à 20 Minutes. Un professeur d’histoire, assez sérieux, lâche son travail au contact d’une jeune femme plus fantaisist­e que lui. Elle vit au jour le jour, tombe enceinte, devient plus responsabl­e au fur et à mesure que lui perd pied. « Ce genre de revirement, note la réalisatri­ce, cela arrive dans la vie. » Le charme vire au drame, dont les résonances peuvent paraître très actuelles. Et il est intéressan­t de revoir Vivre ensemble à l’aune du contexte de libération de la parole des femmes. « Des Harvey Weinstein, il en existait à mon époque, raconte Anna Karina. Il m’est arrivé d’être reçue, toute jeune, par un attaché de presse nu sous son peignoir. Je suis partie en courant. C’est bien qu’on en parle aujourd’hui, mais ce n’est pas nouveau. »

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L’actrice et réalisatri­ce (ici en 2016) ressort son premier film, de 1973.

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