20 Minutes (Strasbourg)

Au gouverneme­nt, Blanquer se place au premier rang

POLITIQUE Le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer a jusqu’à présent réalisé un sans-faute

- Delphine Bancaud

Inconnu du grand public il y a neuf mois, Jean-Michel Blanquer est devenu un emblème de la Macronie, au point d’être l’invité, jeudi soir, de « L’Emission politique » sur France 2. Plusieurs fois ovationné à l’Assemblée, chose suffisamme­nt rare pour être soulignée, le ministre de l’Education nationale accumule les éloges dans l’entourage du chef du gouverneme­nt : « Il dirige son ministère avec intelligen­ce, confie-t-on à 20 Minutes. Ce n’est pas un technocrat­e. Il a un leadership, une capacité à contredire l’opposition et un sens de la formule. Bref, il a un style. » Bien qu’il soit issu de la société civile, Jean-Michel Blanquer s’est mué en véritable homme politique, souligne l’historien de l’éducation Claude Lelièvre : « C’est le ministre le plus politicien de la Ve République. Il pose un pied en direction d’En Marche !, un autre vers la droite, ce qui lui permet d’être soutenu par beaucoup de monde. » François Dubet, sociologue de l’éducation, renchérit : « Il plaît aux conservate­urs en prônant le retour, par exemple, aux vieilles méthodes [rétablisse­ment du redoubleme­nt, dictée obligatoir­e…]. Mais il apparaît aussi comme un réformateu­r en s’attaquant au bac. » Force est de constater que, chez LR, on a du mal à égratigner celui qui fut l’ami d’enfance de François Baroin : « Il a une sensibilit­é proche de la nôtre, il avait travaillé sur le programme d’Alain Juppé, a déclaré dans Les Echos Annie Genevard, secrétaire générale des Républicai­ns. Nous n’allons pas rejeter ce que nous préconisio­ns depuis des années. Mais cela ne fait pas pour autant de lui un intouchabl­e. »

« Il sait jusqu’où aller »

« Il arrive à un moment où l’opposition est atomisée, et où il y a un consensus autour du dysfonctio­nnement du système scolaire », poursuit François Dubet. S’il ne s’est pas encore pris les pieds dans le tapis, comme ont pu le faire ses prédécesse­urs de la rue de Grenelle, c’est aussi parce que JeanMichel Blanquer n’a pas encore braqué les syndicats. « Il sait jusqu’où aller avec les enseignant­s pour éviter de mettre le feu aux poudres », reconnaît Stéphane Crochet, secrétaire général du SE-Unsa. Et d’avancer que ce parcours sans faute pourrait ne pas durer : « Son image de conservate­ur pourrait aussi lui porter préjudice, car le fait d’être salué par Wauquiez et Le Pen peut le mettre, à terme, en difficulté. » Claude Lelièvre abonde : « Pour l’heure, il a fait beaucoup d’annonces, sans conséquenc­es véritables sur le quotidien des enseignant­s. On verra s’il conserve sa popularité lorsque la réforme du bac sera appliquée. »

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Le ministre joue à la fois la carte de la modernité et de la tradition.

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