20 Minutes (Strasbourg)

Le suspect vivait « dans deux mondes différents »

La psychiatre évoque le profil de Dino Scala, suspecté d’être un violeur en série

- Propos recueillis par Vincent Vantighem

Un « père aimant et un mari présent », selon son avocat. « Un profil de « monsieur Tout-leMonde » pour le procureur de la République de Valencienn­es. Pourtant, Dino Scala, un habitant de Pont-sur-Sambre (Nord), a été mis en examen, mercredi, après avoir reconnu une « quarantain­e » de viols et d’agressions sexuelles en trente ans. Psychiatre et responsabl­e d’une consultati­on pour les auteurs d’infraction­s sexuelles à Neuilly-surMarne (Seine-Saint-Denis), Gabrielle Arena livre des pistes pour comprendre pourquoi le suspect a pu sévr aussi longtemps. Cet homme, qui travaillai­t avec des enfants, notamment, a réussi à cacher ses penchants très longtemps. Est-ce classique ? C’est totalement classique. C’est ce que l’on appelle un « sujet divisé ». C’est comme si cet homme vivait dans deux mondes différents jusqu’à chaque passage à l’acte où l’un des deux mondes surgit dans l’autre, comme par effraction. Il a justifié son comporteme­nt par des pulsions qu’il n’arrivait pas à contrôler, expliquant en être victime une à deux fois par an… Cela me paraît très peu quand même. Si son comporteme­nt s’explique par un envahissem­ent pulsionnel, pourquoi uniquement une à deux fois par an? D’autant que ses passages à l’acte semblent réfléchis et pensés. C’est-àdire qu’il a pris le soin, pendant trente ans, de se dissimuler le visage et de préparer son acte. Cela va à l’encontre de la notion de pulsion. Ce genre de profil prend-il du plaisir dans la préparatio­n de l’acte autant que dans l’acte lui-même ? Bien sûr. Le plaisir n’est pas uniquement sexuel pour les violeurs. Il y a le plaisir de toute-puissance qui se caractéris­e par le fait de ne pas être pris, de dominer les autres et de leur infliger une peur. Si le plaisir recherché n’était que sexuel, la société lui permettrai­t de l’assouvir sans transgress­er les lois, ne serait-ce qu’à travers les relations tarifées. Là, il y a autre chose. Selon son avocat, il s’est dit « soulagé » de parler… Selon les profils et les circonstan­ces, cela arrive. On peut imaginer qu’il lui était de plus en plus difficile de se cacher. Que cette double vie devenait trop compliquée à gérer. Et puis, il est âgé de 56 ans. Il s’est peut-être épuisé.

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Le quinquagén­aire, mis en examen mercredi, aurait sévi pendant trente ans.

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