Le rappeur sort la langue
A l’occasion du mois de la francophonie, « 20 Minutes » a cherché à comprendre comment les rappeurs, à l’image de Lorenzo, soutiennent le français.
Le bruit, la fureur. L’Arena Mexico, au Mexique, est habituée aux publics bouillants et accueille plusieurs fois par semaine des combats de lucha libre, le catch mexicain. Mais en décembre 2017, l’enceinte de 10000 places accueillait la finale internationale de la Batalla de los Gallos. Depuis 2005, cette compétition organisée par Red Bull réunit les meilleurs freestyleurs – des improvisateurs, souvent venus du rap – en langue espagnole. En France, l’équivalent de la Batalla de los Gallos s’appelle Red Bull Dernier Mot. Sa première édition s’est tenue en novembre 2017 au Bataclan. Res Turner, sacré à cette occasion, est un ancien du freestyle français : « La finale à Mexico, c’est du très très grand spectacle, une ambiance de stade de foot, un public connaisseur… C’est le rêve. En France, on est en retard, mais l’arrivée d’une compétition comme Dernier Mot est une super bonne nouvelle. »
Un terrain qui rapproche
Monter un événement de l’ampleur de la Batalla de los Gallos dans le monde de la francophonie, célébrée durant ce mois de mars, présenterait bien des avantages à l’heure où le rayonnement de la langue française a été élevé au rang de priorité nationale par Emmanuel Macron. « La langue française, c’est mon instrument, explique Res Turner. Je dois la connaître par coeur : le vocabulaire, le rythme des mots, l’efficacité syntaxique, les figures de style… » Que donnerait une compétition internationale opposant la France, l’Algérie, le Canada et le Sénégal, entre autres? « Ça n’aurait que des bons côtés parce qu’on s’affronterait sur le terrain qui nous rassemble et nous rapproche : la langue française », estime le freestyler. Mieux, le rap en général, et l’improvisation en particulier, a le mérite de brasser les différentes facettes d’une langue. « Les freestyleurs utilisent des mots de la rue, mais aussi des mots venus d’autres langues, explique José Pepera, producteur pour une radio mexicaine. Cela enrichit les gens qui les écoutent et qui apprennent à accepter la diversité de la langue espagnole. » Voilà qui ne ferait pas de mal, en France, où la maîtrise de la langue française est souvent perçue comme un frein à l’insertion pour des Français de classes sociales défavorisées. « Improviser, c’est se livrer. Et la langue qu’on parle, il n’y a rien de plus intime, explique Arkano, demi-finaliste de l’édition 2017 de la Batalla de los Gallos. Le freestyle, c’est de la fraternité. »