20 Minutes (Strasbourg)

« Je n’ai plus confiance en l’Eglise »

France 3 consacre sa soirée au scandale de la pédophilie dans l’Eglise. A cette occasion, « 20 Minutes », partenaire de l’événement, donne la parole à des victimes pour qui rien n’a changé au sein de l’institutio­n religieuse.

- A Lyon, Elisa Frisullo

Deux ans après avoir créé l’associatio­n La Parole libérée, François Devaux n’a plus grandchose de l’homme qui, avec Bertrand Virieux et Alexandre Dussot, avait révélé le 12 janvier 2016 les abus présumés du père Bernard Preynat sur des scouts de Sainte-Foy-lès-Lyon (Rhône), entre 1970 et 1991. La « grande gueule » du trio a conservé son francparle­r, mais son visage, plus grave, a gardé l’empreinte de ces longs mois de bataille. Un combat raconté ce mercredi sur France 3 dans le documentai­re de Richard Puech, Pédophilie, un silence de cathédrale, diffusé à 20h55.

Promesses non tenues

Depuis la révélation de l’affaire, des centaines d’autres victimes se sont rapprochée­s de La Parole libérée pour dénoncer des faits similaires, souvent prescrits. Des milliers d’articles de presse se sont fait l’écho dans le monde entier de leur combat qui a plongé l’Eglise française dans un scandale sans précédent. « Les résultats de cette aventure médiatique ont dépassé toutes nos espérances initiales, confie Betrand Virieux. Par exemple, l’expression “la parole se libère” est devenue générique, comprise de tous dans plusieurs domaines ayant trait aux violences faites aux femmes, aux enfants. » Pour autant, les mesures promises par l’institutio­n tardent à être mises en place. La Parole libérée plaidait notamment pour un dépaysemen­t des dossiers de prêtres pédophiles dans d’autres diocèses que celui des faits présumés, pour que, comme dans la société civile, l’évêque n’ait pas à arbitrer les agissement­s de l’une de ses ouailles. Les anciens scouts ont aussi demandé que l’informatio­n des victimes sur les procédures canoniques soit renforcée. Sur ces deux points, validés par la Confédérat­ion des évêques de France, selon François Devaux, rien n’a encore changé. Et de trancher : « Je ne crois plus en la bonne intention de l’Eglise de se remettre en question sur le problème de la pédophilie. Je n’ai plus confiance dans le pape ni dans sa façon d’appréhende­r ces choses-là. » Le président de La Parole libérée promet d’aller « au bout des procédures judiciaire­s, même si certains estiment que c’est de l’acharnemen­t. On ne pourra cependant pas continuer sur ce rythme effréné. Il serait temps que le gouverneme­nt s’empare de ce problème sociétal. » Bertrand Virieux, lui, a préféré cesser le combat, qui visait à juger le prêtre. Ce qui n’est pas le cas, deux ans après sa mise en examen.

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François Devaux, le président de La Parole libérée, le 5 mars à Lyon.

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