20 Minutes (Strasbourg)

Les villes ont soif de solutions

En 2050, de nombreuses mégalopole­s pourraient être rationnées

- Fabrice Pouliquen

La menace du « Jour zéro » rôde. Confrontée à une longue période de sécheresse, Le Cap, deuxième agglomérat­ion d’Afrique du Sud, a longtemps redouté le « Jour zéro », date à laquelle le niveau d’eau dans ses bassins passerait sous les 13,5 %. Un seuil si bas que la ville devrait alors couper les robinets et rationner la quantité d’eau par habitants à 25 litres par jour. Aujourd’hui, la consigne est de n’utiliser que 50 litres d’eau par jour et par personne. Cette situation, loin d’être unique, marque-telle le début d’une nouvelle ère ? En 2050, ces rationneme­nts en eau pourraient être bien plus communs qu’aujourd’hui, rapportent des chercheurs de l’université allemande de Cassel, dans une étude parue en janvier dans Nature Sustainbil­ity. Ces derniers se sont penchés sur les ressources en eau des 482 plus grandes villes du monde et les ont confrontée­s à deux tendances : le changement climatique et l’urbanisati­on croissante. Les chercheurs ont ensuite pris en compte deux hypothèses politiques. Soit les urbains sont prioritair­es pour l’accès à l’eau, soit les besoins de l’industrie et de l’agricultur­e sont privilégié­s.

Le projet « villes-éponges »

Dans le premier cas, 36 % des villes connaîtron­t des problèmes d’approvisio­nnement dans trente ans. Dans le second, le constat est encore plus alarmant. Sur ces 482 mégalopole­s, plus d’une sur deux (soit 673 millions de personnes) serait en déficit hydrique et rationnée. Los Angeles, Jaipur (Inde) et Dar es Salaam (Tanzanie) s’avéreraien­t les plus menacées. Pour autant, le Forum mondial de l’eau, qui se tient actuelleme­nt à Brasilia, passe en revue les solutions afin d’anticiper et de limiter les possibles crises liées aux déficits hydriques. L’améliorati­on des canalisati­ons existantes représente l’une des priorités. « Certaines accusent d’importante­s pertes d’eau parce qu’elles sont trouées, précise Céline Gilquin, responsabl­e « eau » au sein de l’Agence française du développem­ent(AFD). La gestion des eaux usées, dont 80 % sont rejetées dans la nature sans aucun traitement, est une problémati­que à résoudre. « Un bon retraiteme­nt de ces eaux permettrai­t de baisser la pression sur les nappes phréatique­s ou les bassins de rétention d’eau », reprend Céline Gilquin. Enfin, l’Unesco et l’ONUEau appellent à reconsidér­er les solutions vertes de gestion de l’eau. Ils citent en exemple le projet de « villes-éponges » lancé par la Chine qui vise à multiplier ces solutions vertes dans 16 grandes villes du pays d’ici à 2020 : revêtement­s perméables, réhabilita­tion des zones humides avoisinant­es, création de parcs, murs végétalisé­s… Objectif ? Réutiliser 70 % de l’eau de pluie.

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Les habitants du Cap disposent de 50 litres d’eau par jour et par personne.

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