La ferme urbaine sème ses graines
Dans le Bunker comestible, des cultures poussent en souterrain depuis près d’un an
L’hiver n’est pas vraiment fini, l’heure est encore aux endives. Surtout dans le Bunker comestible, où une chambre noire leur est consacrée. A côté, de jeunes pousses profitent de la lumière de LED horticoles. Sous les pierres du tunnel, les champignons ont droit à deux étages. Entre température modérée et forte humidité, ces légumes poussent dans une vieille poudrière derrière la gare de Strasbourg. La ferme urbaine souterraine (et bio) a vu le jour (ou pas) il y a bientôt un an. Avec des cultures adaptées, peu énergivores.
A Paris et Bordeaux
Né d’une volonté de recycler des lieux clos, le concept est porté par un ingénieur en génie climatique et un agronome. Originaire d’Ostwald, JeanNoël Gertz, 29 ans, raconte : « On voulait faire quelque chose de viable et pérenne, et on a eu l’idée du soussol. Devant ce lieu proposé par la ville, on a vite été très emballés. » Vrai réseau d’agriculture souterraine, urbaine et bio, leur boîte Cycloponics montée en 2015 se développe vite. Anne-Laure Labrune et Raphaël Maret sont les deux fermiers (salariés) à gérer le Bunker comestible au quotidien. Les deux fondateurs, eux, sont à Paris. Loin des 200 m2 de la microferme alsacienne – vue comme un « laboratoire » –, Jean-Noël Gertz et Théo Champagnat ont ouvert La Caverne dans un parking de 3 500 m2 (et bientôt 8 000 m2) dans le 18e arrondissement. « On a besoin de place pour rendre notre modèle économique viable, insiste Jean-Noël Gertz. Mais on a été vite, car on a la volonté de créer des emplois. Et de redynamiser des coins un peu délaissés. » Tandis qu’un autre site est recherché pour agrandir Strasbourg, l’entreprise sollicitée va encore semer des tas de graines. A Bordeaux, des locaux ont été trouvés pour une implantation. Des contacts ont aussi été noués pour que leurs fermes voient le jour sur un autre spot parisien intra-muros, à Lyon, Lille ou Grenoble. D’ici-là, La Caverne héberge d’autres associations à Paris et se verrait bien devenir un vrai pôle d’activités souterraines.