Des supporters appelés à la barre
Le 3 février, le kop strasbourgeois s’était tu lors des premières minutes du match contre les Girondins. Un message clair contre les restrictions imposées aux supporters français. Auxquelles Strasbourg-Bordeaux n’avait donc pas échappé. Selon un arrêté préfectoral, les Girondins n’avaient pas le droit de se déplacer à la Meinau. S’estimant en « désobéissance civile », des dizaines de membres des Ultramarines ont bravé l’interdiction. Avant d’être sortis par des stadiers et des CRS au pied de la tribune famille avant la pause.
« Non-respect » d’un arrêté
Entrés discrètement, grâce à des billets acquis par les Ultra Boys strasbourgeois, les Ultramarines n’y ont chanté qu’une grosse demi-heure. Chargés « avec des boucliers », « matraqués » puis « menottés » selon l’un d’eux, 47 Bordelais ont fini la soirée en garde à vue. A l’hôtel de police cette nuit-là, quatre Alsaciens fans du FCGB sont convoqués au tribunal correctionnel de Strasbourg ce lundi à 8 h 30. Pour « nonrespect » de l’interdiction de déplacement, ils risquent jusqu’à six mois de prison, 30 000 € d’amende et une interdiction de stade. Les autres supporters arrêtés ce soir-là attendent leurs convocations en Gironde. « On ne se laissera pas voler notre football, déclarait en février le leader du groupe, Florian Brunet, à 20 Minutes. Quitte à devenir des martyrs et finir en taule, on ne se soumet plus. » Dans leur combat, ils ont reçu le soutien de fans de foot des quatre coins du pays. « Le problème trouve ses racines en amont de cette triste soirée, réagit Grégory Walter, vice-président de la Fédération des supporters du Racing. Mais là, ce qu’ils ont vécu au niveau de privation de libertés, alors qu’il n’y a eu aucun incident, c’est affligeant. » Les fans girondins ont connu un contexte similaire à Nantes, et ensuite à Marseille. Au total, plus de 200 Bordelais sont désormais sous le coup d’interdiction administrative de stade. Grégory Walter s’interroge : « Quelle autre catégorie de population est victime de telles interdictions sans pouvoir se défendre ? (…) Le tout répressif a atteint ses limites. »