20 Minutes (Strasbourg)

A Barcelone, des indépendan­tistes affichent leurs espoirs en tricotant

L’arrestatio­n de Puigdemont mine les indépendan­tistes

- A Barcelone, Antonin Vabre

Lundi, le soleil brille dans le ciel de Barcelone, mais, dans la tête des indépendan­tistes catalans, c’est bien le gris qui domine. La veille, leur chef, Carles Puigdemont, en exil depuis la tentative de sécession de la région fin octobre, a été arrêté en Allemagne (lire l’encadré). Ce qui a entraîné de violentes manifestat­ions et plusieurs arrestatio­ns. Place de la Catalogne, des tentes sont installées depuis fin janvier, lorsque Carles Puigdemont a été investi à la suite des élections de décembre. Quinze à vingt personnes y dorment toutes les nuits, et jusqu’à 200 peuvent s’y retrouver en journée. Adria est membre du collectif Réveillons la République, qui s’est constitué à cette époque. « La solution doit être politique et non judiciaire. Il faut un dialogue entre la Catalogne, l’Espagne et l’Union européenne », tranche-t-il.

« Prisonnier­s politiques »

Maria, Angels et Nuria, elles, tricotent des écharpes jaunes, en mémoire de celles faites par les femmes à ceux qui franchissa­ient les Pyrénées dans les années 1930. Il y a trois semaines, à Caldes de Montbui, une gigantesqu­e écharpe populaire de 2 km a été déployée pour alerter sur « le sort des prisonnier­s politiques ». L’argent des ventes d’écharpes sert à « faire tenir le mouvement et à soutenir ceux qui sont en prison », explique Maria. Poursuivie­s pour rébellion, neuf personnali­tés indépendan­tistes, dont l’ex-viceprésid­ent catalan Oriol Junqueras et l’ex-présidente du parlement régional Carme Forcadell, sont incarcérée­s à Madrid. L’une des tricoteuse­s part faire des courses et demande si elle doit rapporter quelque chose à ses camarades. « La République », répond Angels du tac-au-tac, avant de compléter dans un sourire : « Qu’est-ce que tu veux, nous avons ça dans le sang. » Parlant du « vrai visage brutal » du gouverneme­nt espagnol, elles n’oublient pas que la guerre civile (1936-1939) a été une « bataille entre frères » et ne veulent pas en entendre parler. Angels place aussi qu’elle aimerait bien ne pas entendre parler non plus Manuel Valls. « Il parle des Bourbons comme d’une famille respectabl­e, mais, chez vous en France, vous les avez guillotiné­s et vous nous les avez envoyés. Ne venez pas nous dire ce que l’on doit faire. Ici, on est pacifiste. »

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Place de la Catalogne, on tisse des liens et on tricote des écharpes.

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