La France veut mettre les gaz sur la méthanisation
La France veut développer la méthanisation, qui permet de produire de l’électricité
Du fumier pour produire de l’électricité et de la chaleur. Lundi, Sébastien Lecornu, secrétaire d’Etat auprès de Nicolas Hulot, a détaillé 15 propositions pour développer la méthanisation. Au Gaec (groupement agricole d’exploitation en commun) des Brimbelles, une exploitation agricole laitière, à Mignéville en Meurthe-et-Moselle, c’est une réalité depuis 2003. Francis Claudepierre, président de l’association des Agriculteurs méthaniseurs de France, récolte le fumier et le lisier de deux élevages de vaches laitières – « 5500 tonnes de matières organiques chaque année », précise-t-il – qu’il stocke dans une fosse. Il faut ensuite laisser la fermentation agir. « Les déchets vont finir par libérer un gaz composé à 55 % de méthane, un peu comme vous le feriez quelques heures après avoir mangé un plat de fayots », s’amuse Francis Claudepierre. Sauf que ce biogaz se révèle utile à plus d’un titre. Brûlé sur place, il apporte l’énergie nécessaire pour faire tourner une dynamo qui permet à l’agriculteur de produire de l’électricité et de la vendre à EDF. « Nous avons produit, en 2017, 2 millions de kWh, c’est-à-dire l’équivalent de la consommation électrique de 400 foyers. »
Un investissement lourd
Le Gaec des Brimbelles est un cas d’école que le ministère de la Transition écologique souhaite voir se multiplier à l’avenir. La France compte à ce jour 574 installations de méthanisation sur le territoire selon les chiffres de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). Dont 390 à la ferme. Elle reste loin de l’objectif qu’elle s’est fixé d’atteindre 10 % de gaz renouvelable dans sa consommation d’ici à 2030. Le cap ne pourra pas être atteint sans le développement de la méthanisation, qui permet aussi d’assurer des revenus complémentaires aux agriculteurs. Dans une étude de février, l’Ademe évalue à 1,366 million d’euros le chiffre d’affaires en 2015 lié à la production d’énergies renouvelables pour les agriculteurs. L’investissement de départ est en revanche très lourd. « De 300000 € pour les plus petits projets à 15 millions d’euros » pour les projets collectifs, détaille Guillaume Bastide, ingénieur à l’Ademe. « En face, les banques sont frileuses à accorder des prêts pour des installations de méthanisation », regrette Francis Claudepierre. L’une des propositions faites par le groupe de travail est ainsi de créer un fonds de garantie de 100 millions d’euros pour faciliter l’accès au crédit pour les agriculteurs et d’élargir, notamment, le panel des débouchés possibles pour le biogaz produit.