«Je dois absolument ressentir de l’empathie»
Le comédien livre une performance exceptionnelle dans « Don’t Worry, He Won’t Get Far on Foot »
Le caricaturiste John Callahan (1951-2010), aurait sans doute été flatté de se voir revivre sous les traits de Joaquin Phoenix dans Don’t Worry, He Won’t Get Far on Foot, le nouveau film de Gus Van Sant. Cloué sur un fauteuil roulant dès l’âge de 21 ans après un accident, ce dessinateur satirique a scandalisé l’Amérique avec ses croquis. L’acteur raconte à 20 Minutes comment il a composé ce personnage haut en couleur.
Comment êtes-vous entré dans la peau de John Callahan ?
J’ai lu son autobiographie qui m’a emballé par son honnêteté. J’ai pu aussi m’appuyer sur plusieurs heures de film que Gus Van Sant, qui le connaissait bien, a tourné avec lui. Il m’a fallu ensuite apprendre à bouger comme un homme en fauteuil roulant – quand on me sort du lit par exemple – ce qui a été comme découvrir une autre façon d’utiliser son corps.
John Callahan vous semble-t-il avoir été un homme aigri ?
Il s’est fait à l’idée qu’il ne remarcherait pas après une période d’adaptation difficile. Ses dessins auraient sans doute été différents s’il n’avait pas été confronté à cette expérience. Il avait un sens de l’observation incroyable. Son humour féroce est toujours d’actualité. Je ne crois pas qu’il se serait laissé censurer par le diktat du politiquement correct.
Quel personnage était le plus difficile à incarner, John Callahan ou Jésus-Christ dans Marie Madeleine [en salles depuis le 28 mars] ?
Dans les deux cas, j’ai considéré le côté humain du personnage. Il m’est indispensable de ressentir de l’empathie pour ceux que j’incarne. Vous jouez avec Rooney Mara, votre compagne à la ville… C’est notre troisième collaboration après Her [et Marie Madeleine]. Je peux affirmer que Rooney est l’une des meilleures actrices que je connaisse. C’est une bosseuse qui peut travailler toute la nuit sur un scénario pour capturer une émotion. Elle se donne totalement pour ses rôles, ce qui correspond aussi à ma conception de notre métier.
Espérez-vous que Don’t Worry… vous permettra d’obtenir un oscar ?
Surtout pas! Car la foule provoque en moi une peur panique, même quand elle se montre bienveillante à mon égard. Quand je suis monté sur scène pour aller chercher mon prix à Cannes en 2017, j’étais terrifié. J’espère que cela ne s’est pas trop vu ! Je trouve, de plus, un peu ridicule de distinguer une seule personne quand il existe tant de performances épatantes.