La filière djihadiste de Lunel à l’heure du procès
Le procès de la filière djihadiste de Lunel s’ouvre ce jeudi
Huit sont présumés morts en Syrie. Sept seraient toujours en vie, quelque part là-bas, sur « le théâtre des opérations ». De la filière djihadiste de Lunel (Hérault), le tribunal correctionnel de Paris ne jugera, ce jeudi, que cinq hommes, pour « association de malfaiteurs terroriste » et « financement du terrorisme ». Quelques jours après l’attentat à la rédaction de Charlie Hebdo en janvier 2015, leur interpellation avait jeté une lumière crue sur la petite ville de Lunel, 26000 habitants, plus célèbre pour son muscat et ses corridas que pour son radicalisme religieux.
« Emulation collective »
Tout semble s’être noué, à partir de novembre 2013, dans un petit snack du quartier de l’Abrivado, où les jeunes avaient l’habitude de se retrouver. A cette période, le gérant du Bahut décide de partir en Syrie. Trois amis l’accompagnent ainsi que deux femmes et quatre enfants en bas âge. En l’espace d’un an, une petite vingtaine d’individus, tous originaires de cette même ville, les rejoignent petit à petit. « Sans constituer en soit une filière, l’existence de ce groupe d’individus a créé les conditions d’une émulation djihadiste collective, notent les enquêteurs. Cette communauté d’idées a dépassé largement le “vif intérêt à la situation géopolitique et humanitaire en Syrie entre camarades” », comme le prétendent les cinq personnes qui doivent être jugées. Parmi elles, Hamza Mosli, désigné comme le « personnage central ». S’il n’a jamais quitté Lunel, il est accusé d’avoir joué un rôle de relais avec la Syrie où ses deux frères ont été tués. Lors de l’enquête, il a nié toute activité de recruteur. L’ombre des fantômes de Lunel, morts en Syrie ou encore en fuite et visés par un mandat d’arrêt, risque de planer sur ce procès qui doit se tenir jusqu’au 11 avril. Parmi ces absents, Abdelilah Himich, un ex-légionnaire considéré par les Etats-Unis comme « une figure des opérations extérieures de Daesh ». Mais aussi Yassine Sakkam, le dernier de ce groupe à avoir rejoint les rangs de Daesh, en décembre 2014. Aujourd’hui détenu par les Kurdes de Syrie, il disait, dans un reportage diffusé par France 2 en janvier, seulement « vouloir rentrer chez lui et oublier ».