20 Minutes (Strasbourg)

La grève coûte que coûte

Soutenus par des « caisses de grève » et des cagnottes en ligne, les cheminots peuvent gérer le manque à gagner sur leur salaire. Mais jusqu’à quand ?

- Nicolas Raffin

Aussitôt partie, aussitôt revenue. La grève à la SNCF redémarre samedi soir. Si le niveau de mobilisati­on des cheminots n’est pas encore connu, la direction de l’entreprise a bien précisé que les jours de grève ne seraient pas payés. La durée du mouvement, prévu jusqu’à fin juin, pourrait poser des difficulté­s financière­s aux grévistes.

Cagnottes en ligne

Pour faire face, différente­s initiative­s ont vu le jour, sur le modèle des « caisses de grève ». Souvent tenues par les syndicats, elles permettent à leurs adhérents d’obtenir une somme plus ou moins importante, pour compenser en partie la perte de salaire. Ainsi, la CFDT dispose depuis 1973 d’une Caisse nationale d’action syndicale (Cnas), financée via les cotisation­s des adhérents. Son montant s’élève aujourd’hui à 126 millions d’euros. « Nos adhérents sont indemnisés à partir du deuxième jour de grève, explique Didier Aubert, secrétaire général de la CFDT Cheminots. Ils perçoivent environ 50 € par jour dans ce cas-là. » Autre syndicat, autre méthode : SUDRail a lancé une cagnotte en ligne, à laquelle n’importe qui peut faire un don. Jeudi, elle atteignait 25 000 €. Une autre cagnotte en ligne, lancée par le sociologue Jean-Marc Salmon, dépassait jeudi 300000 €. Elle sera redistribu­ée en mai aux fédération­s de cheminots. La somme peut paraître impression­nante, mais il faut la relativise­r. Si ces 300000 € étaient répartis entre 1 000 grévistes (moins de 1 % des effectifs de la SNCF, à comparer aux 30 à 35 % de grévistes recensés par la direction en début de semaine), ces derniers ne seraient indemnisés que pendant six jours (à raison de 50 € par jour) avant que la cagnotte ne soit à sec. « Le cheminot qui fait grève est toujours perdant financière­ment, reconnaît David Dugué, du bureau confédéral de la CGT. Mais toutes les sommes récoltées, même les plus petites, permettent de montrer aux salariés qu’ils sont soutenus. » Dans Le Parisien, un élu LREM estimait jeudi que les grévistes « ne pourront pas tenir [financière­ment] plus de quinze jours ». « Le gouverneme­nt doit se méfier, rétorque Didier Aubert. En 1995, après dix jours, les salariés ne voulaient pas reprendre le travail avant d’avoir obtenu quelque chose. Ils estimaient que cela ne valait pas la peine de se sacrifier pour rien. »

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A la gare de l’Est à Paris, mardi.
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Le mouvement reprend samedi soir.

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