20 Minutes (Strasbourg)

Un foyer à Rennes s’active au quotidien contre la pauvreté

Solidarité Neuf millions de Français vivent à la limite du seuil de pauvreté et font appel aux associatio­ns pour s’en sortir

- A Rennes, Jérôme Gicquel

Les boissons chaudes sont servies, les gâteaux secs posés sur la table. Comme tous les après-midi, le local de la Société de Saint-Vincent-dePaul, à Rennes (Ille-et-Vilaine), prend des airs de salon de thé. L’endroit parfait pour refaire le monde ou parler de la pluie et du beau temps. La réalité est bien plus sombre. Ici, en plein coeur de la capitale bretonne, où le taux de pauvreté est pourtant plus faible qu’ailleurs (11,3 %, contre 15,5 % en moyenne pour l’ensemble des métropoles françaises), une cinquantai­ne de familles et des dizaines de personnes seules franchisse­nt régulièrem­ent les portes du local de l’associatio­n pour demander de l’aide. Un Français sur sept, soit 9 millions de personnes, fait partie de cette réalité sociale que beaucoup ne veulent pas voir, comme le souligne Pauvres de

nous, le documentai­re de France 5 diffusé ce mercredi soir à 20 h 50 et dont 20 Minutes est partenaire.

« Ma seconde famille »

Parmi les bénéficiai­res accueillis à Saint-Vincent-de-Paul, des familles en situation irrégulièr­e, des couples frappés par le chômage ou des contrats précaires. Mais aussi des étudiants fauchés ou, phénomène nouveau, de jeunes retraités. « Ils ne sont pas sous le seuil de pauvreté, mais à la limite, souligne Manuel Rémond, le président de l’antenne locale du réseau de charité fondé en 1833. Leur petite retraite ne suffit plus à payer les dépenses, surtout s’ils sont encore locataires. » De petites sommes d’argent pour les aider à remplir leur chariot de courses, ou à payer une facture d’électricit­é… L’aide fournie dans cette associatio­n n’est pas que matérielle, précise Manuel Rémond. « On leur apporte aussi un soutien moral et affectif, en prenant le temps d’échanger avec eux, sans les juger. » Sonia*, présente ce jour-là avec ses trois enfants âgés de 5, 8 et 10 ans, confirme : « Ils sont ma seconde famille. » « Les femmes viennent plus facilement demander de l’aide que les hommes, question de fierté sûrement, glisse une bénévole, qui a vu la pauvreté évoluer au fil des années. Les pauvres sont peut-être moins pauvres qu’avant, mais il y en a de plus en plus. » Vivant la pauvreté au quotidien, les bénévoles de SaintVince­nt-de-Paul savent aussi que la situation n’est pas plus rose à l’extérieur de leur local, et même pire parfois. L’un d’eux, Antoine, lâche, amer : « Les vrais pauvres se cachent, car ils ont honte de leur pauvreté. C’est le parlement des inaudibles. Pour eux, l’Etat a failli à sa tâche. »

* Le prénom a été changé.

 ??  ?? Manuel Rémond, président de la Société de Saint-Vincent-de-Paul de Rennes.
Manuel Rémond, président de la Société de Saint-Vincent-de-Paul de Rennes.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France