20 Minutes (Strasbourg)

Les salariés dans le flou

La date de fermeture de la centrale nucléaire alsacienne n’est pas actée, et l’avenir des employés reste encore à définir

- Bruno Poussard

En arrivant en 2013 à la centrale de Fessenheim, Florent Baeumler s’est déjà reconverti. Ancien de RTE, cet Alsacien de 30 ans est désormais technicien chargé du transport radioactif pour EDF. Jusqu’à quand ? L’intéressé attend de le savoir. Ni la date ni le calendrier de la fermeture de la plus vieille installati­on nucléaire du pays ne sont actés. « En arrivant, je savais que je n’y finirais pas ma carrière, raconte-t-il. Mais, aujourd’hui, le plus pénible, c’est le flou : ne pas savoir ce qu’on fera d’ici à six mois, un an ou cinq ans. » Tandis que la fermeture – soumise au lancement de l’EPR de Flamanvill­e qui pourrait être retardé – est prévue pour fin 2018-début 2019, un peu plus de 800 salariés d’EDF et 330 contractue­ls de prestatair­es attendent d’en savoir plus. Si le démantèlem­ent doit durer vingt ans, les effectifs réduiront vite au cours de la première phase de cinq ans (jusqu’à une soixantain­e).

Inquiétude et incertitud­e

Originaire du sud du Haut-Rhin, Florent Baeumler n’est « pas prêt à bouger », malgré l’incertitud­e. Il n’a pas d’enfant, mais une compagne en formation et une vie personnell­e remplie dans la musique en Alsace. Titulaire d’un logement de fonction à Ensisheim qu’il devra quitter, il est pessimiste : « Des choses vont être mises en place, mais pour un poste en Alsace, ce sera compliqué. » La direction a promis un accompagne­ment pour les salariés, avec des compensati­ons financière­s, jugées insuffisan­tes par certains vis-à-vis des conséquenc­es sur leurs familles. « Des collègues racontent que leurs conjoints sont freinés dans le déroulé de leur carrière, car on leur dit : ‘’Vous allez partir dès que la centrale va fermer’’ », prolonge Alain Besserer, délégué syndical FO. Beaucoup ont du mal à se projeter. Certains sont proches de la retraite, d’autres attendent des mutations et reconversi­ons dans l’entreprise. D’autres, encore, la quitteront. Mais les salariés des sous-traitants paraissent moins bien lotis. Pour eux, seule la mise en place d’une cellule de reclasseme­nt a été évoquée. « Sur quels projets industriel­s pourront-ils se raccrocher ? », conclut Alain Besserer.

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La centrale compte 800 salariés d’EDF et plus de 300 sous-traitants.

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