20 Minutes (Strasbourg)

Un terrain propice au racisme ?

Football Trois joueurs noirs ont porté plainte pour des insultes et des coups lors d’un match en division amateur début mai

- Bruno Poussard avec Alexia Ighirri

Le président Jean-Michel Dietrich n’avait encore, selon ses dires, jamais assisté à une bagarre générale. Le 6 mai, le déplacemen­t de son club, l’AS Benfeld, a été arrêté avant la mi-temps à Mackenheim, après une altercatio­n dont ont été victimes trois joueurs noirs de son équipe. Ils ont été la cible d’insultes et des coups qui seraient liés au racisme (lire l’encadré).

«Il risque d’y avoir un drame»

Une commission de discipline est prévue le 24 mai et une enquête de gendarmeri­e est en cours. Mais ces événements sont-ils révélateur­s d’un problème plus profond dans le monde amateur ? « Il y a un racisme latent dans ce qu’on entend parfois, répond Jean-Michel Dietrich, ancien joueur amateur. Ça peut venir de spectateur­s – peu importe leur origine – mais également de joueurs : quelques-uns l’utilisent comme stratégie pour déstabilis­er. » Licencié au Racing (où il joue avec la réserve) jusqu’à la fin de la saison, Quentin Othon, 30 ans, l’a subi de la Ligue 1 au National 2. Notamment des attaques verbales sur sa couleur de peau : « Quand l’adversaire veut jouer dessus, il faut essayer de prendre du recul. » Pas facile, surtout dans ses premières années à Strasbourg où ce natif de Seine-Saint-Denis a débarqué à 15 ans dans les années 2000 : « A cet âge, quand vous n’avez jamais entendu ça venant du bord du terrain, c’est choquant. Avant, je ne pensais pas que des gens pouvaient dire des choses comme ça. » « Si on n’arrive pas à résoudre ça, il risque d’y avoir un drame un jour », craint Jean-Michel Dietrich qui veut sensibilis­er. La Ligue d’Alsace a annoncé une campagne de lutte contre le racisme. Mais le président de l’AS Benfeld juge qu’en matière de fairplay, beaucoup reste à faire, « avec une autre approche, quitte à donner des points en plus par exemple ». Arrivé à Strasbourg en CFA2, puis passé par Haguenau (CFA2) et Erstein (National 3), Saidou Sow – qui n’a jamais eu de problème – déplore ces incidents : « C’est dommage, il y a toujours deux, trois imbéciles qui font n’importe quoi. C’est une minorité. En Alsace, les gens sont sympas. »

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Un match de division 3 a dégénéré en Alsace au tout début du mois de mai.

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