20 Minutes (Strasbourg)

La police des polices enquête après la plainte d’un homme pour « coups et blessures » dans les Hauts-de-Seine

Un jeune homme affirme avoir été roué de coups le 2 mai à Ville-d’Avray. Il a déposé une plainte

- Vincent Vantighem

« S’il vous plaît, monsieur… Ne me tapez pas… » Par terre, dans un hall d’immeuble de Ville-d’Avray (Hautsde-Seine), Mohamed Diakité rejoue la scène. Ce jeune homme de 24 ans assure qu’il était à genoux, les mains en l’air, quand il a supplié les forces de l’ordre. « Mais le policier a pris sa matraque, a défoncé la porte vitrée et il m’a roué de coups de pied et de coups de poing. Après, il a placé son arme sur ma tempe », affirme-t-il.

Selon nos informatio­ns, l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) a été saisie, le 30 mai, de la plainte de ce jeune homme pour « violences volontaire­s ayant entraîné une incapacité totale de travail (ITT) de douze jours ». Le ministère public réfléchit encore à l’opportunit­é d’ouvrir une enquête préliminai­re.

Le soir du 2 mai, l’un des frères de Mohamed discute avec des amis dans la rue quand il reçoit un projectile dans l’épaule. Probableme­nt un plomb tiré par un voisin dérangé par le bruit. Prévenu, Mohamed arrive sur les lieux quelques minutes après la police. « Comme je ne voulais pas dégager, l’un des policiers m’a ceinturé et plaqué contre le sol. Il a commencé à m’étrangler et à m’étouffer avec ma capuche », raconte-t-il. En formation pour devenir coach sportif, Mohamed est atteint de drépanocyt­ose, une maladie du sang qui peut engendrer de graves crises de tétanie en cas de stress. « J’ai commencé à ne plus parvenir à respirer, mais mes amis sont parvenus à me tirer de là », confie-t-il.

« Tu vas mourir sale noir ! »

Un père de famille raconte la suite de la scène : « Les policiers ont compris qu’ils étaient débordés. Une grenade de désencercl­ement a été jetée. Et puis l’un d’eux a sorti son arme et tiré deux coups en l’air. »

Mohamed profite de la confusion pour se traîner jusqu’au hall d’un immeuble voisin. « C’est là que les policiers ont fini par me rouer de coups. Ils m’ont dit : “Tu vas mourir sale noir !” » Menotté et emmené au commissari­at de Sèvres, le jeune homme finit, selon son récit, par faire un malaise. Il est transféré à l’hôpital. Le certificat médical, que 20 Minutes a pu consulter, fait état d’une surinfecti­on au niveau du pouce, où Mohamed assure avoir été mordu par l’un des policiers, de plusieurs plaies au visage, d’une excoriatio­n (écorchure) au niveau de la tempe et de nombreuses ecchymoses sur les bras, les côtes et les jambes.

De l’autre côté, deux fonctionna­ires de police ont été blessés. Selon nos informatio­ns, l’un d’entre eux a eu deux doigts cassés. Son incapacité totale de travail a été évaluée à vingt et un jours. Ils ont porté plainte pour « violences » et « rébellion » à l’encontre de Mohamed Diakité mais aussi de deux de ses frères et d’un de leurs amis. Ils seront jugés le 19 juin au tribunal de Nanterre. L’IGPN a quant à elle déjà procédé, le 30 mai, à l’audition de Mohamed.

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Mohamed Diakité a été entendu par l’IGPN, la « police des polices ».

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