La santé dans la manche connectée
Innovation Lymphometry est capable de détecter un lymphoedème, l’un des effets indésirables après un cancer du sein
Les préoccupations et craintes sont réelles, mais l’outil, lui, n’existait pas. Jusqu’à cette collaboration entre les hôpitaux universitaires de Strasbourg et l’entreprise spécialisée en
data Quantmetry. Depuis trois ans, ils travaillent à la création d’un outil connecté venant en aide aux patientes ayant souffert d’un cancer du sein. Il s’agit du Lymphometry, une manche connectée à une application qui prévient le risque d’apparition d’un lymphoedème : aussi appelé syndrome du « gros bras », il s’agit d’une complication qui peut survenir après l’ablation des ganglions axillaires lors de l’opération d’un cancer du sein. « C’est l’effet indésirable que les patientes craignent le plus, estime la Pr Carole Mathelin, responsable de l’unité de sénologie du CHU. Sur 57 000 nouveaux cancers du sein par an, 30 % subissent un curage axillaire exposant à ce risque. »
L’impact des activités mesuré
Le manchon enfilé, ses capteurs peuvent mesurer la circonférence du bras et son évolution au fil des jours. Les données enregistrées dans l’appli sont instantanément analysées et transmises au corps médical en cas d’alerte. « Les capteurs détectent très tôt le gonflement du bras et donc évitent qu’il ne s’installe », explique Karl Neuberger, de Quantmetry, rappelant qu’en plus d’être inesthétique, le gros bras peut être handicapant au quotidien et s’aggraver. « Le lymphoedème crée des contraintes qui peuvent entraîner un reclassement professionnel, une mise à l’écart de la vie sociale, liste la Pr Carole Mathelin. Et puis il nécessite un soin constant, avec de la kiné à vie et des bandages multicouches. Si on peut leur épargner ça… » Avec la manche connectée, le suivi est quotidien et personnalisé. Tant mieux : le déclenchement du syndrome et son évolution ne sont pas le même selon les patientes. Le but est donc de porter cette manche tous les jours pendant les mois qui suivent leur opération et surtout pendant leur(s) activité(s). « Via l’appli, on va mesurer l’impact de leur jogging, leur travail, leur partie de tennis ou autres sur leur bras. Ça dira à la patiente ce qui est bon ou pas pour elle », détaille encore Karl Neuberger.