« Une passe pour des Louboutin »
Douze hommes sont jugés depuis lundi devant le tribunal correctionnel de Paris pour proxénétisme aggravé sur quatorze jeunes filles, dont huit mineures. Mais beaucoup « ne se considèrent pas comme des prostituées. Au départ, elles se présentent comme des “escorts”, déplore Vanina Meplain, avocate de l’association Equipes d’action contre le proxénétisme (EACP) et partie civile. Pour elles, c’est un moyen de s’acheter le dernier sac à la mode ou une paire de Louboutin. » Avocat de l’un des prévenus, Sahand Saber va plus loin. «Elles sont consentantes, voire désireuses de faire ça. Quand on voit que Zahia est devenue une égérie après avoir fait la une des journaux pour s’être prostituée, cela montre à quel point notre système de valeurs s’effondre… »
Sauf qu’il s’agit bien de prostitution, en fin de compte. Alpaguées via les réseaux ou à la sortie du collège où on leur promet «beaucoup d’argent rapidement», les jeunes filles se retrouvent à enchaîner cinq à dix passes par jour dans des hôtels de la banlieue parisienne ou des appartements loués sur Airbnb. Les prévenus «testaient les performances sexuelles» des jeunes filles, puis les prenaient en photo en sous-vêtements avant de mettre en ligne des annonces sur les sites spécialisés tels que Vivastreet. Ils leur fournissaient un téléphone pour répondre aux appels et des préservatifs. Aucune d’entre elles ne souhaite témoigner pour l’instant. «Par honte, mais aussi par peur des représailles », souligne Vanina Meplain. Le procès doit se poursuivre jusqu’au 3 juillet. Les prévenus encourent dix ans de prison.