Un rituel loin d’être enterré
Les enterrements de vie de garçon, et de vie de jeune fille, rencontrent un succès croissant, notamment chez les moins de 30 ans. Ce rendez-vous d’avant-mariage a cependant un coût parfois important.
« Des moments inoubliables, même si inévitablement très bien arrosés.» Voici comment Benjamin décrit l’enterrement de vie de garçon (EVG, ou EVJF, pour les filles) auquel il a participé l’an passé. Comme lui, ils sont de plus en plus nombreux à marquer le coup avant le mariage d’un(e) ami(e), ou avant leur propre cérémonie. Selon une enquête de l’Institut national d’études démographiques (Ined), la pratique s’est démocratisée dans les années 2000. « Parmi les gens qui se sont mariés dans les années 1990, seulement 23 % des hommes et 12 % des femmes faisaient des enterrements de vie de célibataire, explique la sociologue Florence Maillochon à BFMTV. On est passé à 45% des hommes et des femmes, tous âges confondus.» Et, pour les moins de 30 ans, la pratique dépasse les 65%. Sentant le bon filon, plusieurs entreprises spécialisées et sociétés d’événementiel proposent désormais des EVG/EVJF « sur mesure », avec voyages en Europe, activités « extrêmes» (tir à la Kalachnikov, conduite de tank, combat contre un animal) et « shows » avec danseurs et danseuses souvent peu habillés. L’EVG français a même son propre film, Budapest, en salles ce mercredi (lire ci-dessous).
Un week-end à 400 €
C’est d’ailleurs à Budapest, en Hongrie, que Benjamin s’est retrouvé l’an passé. Location d’appartement, sortie dans les «ruines» bars, séance de tir à balles réelles… Son week-end lui a coûté environ 400 €. Une somme loin d’être négligeable. « Aujourd’hui, on se marie de plus en plus tard, les gens ont souvent un emploi, et donc un plus gros budget», note Sébastien Timineri, cofondateur de Voyage Event. Une marchandisation dénoncée par des membres du groupe #MoiJeune de 20 Minutes. « Chacun doit pouvoir prendre part à cet événement sans pour autant casser son PEL», lâche Alexis. Idem pour Anaïs : «Chez nous, c’est très simple : un resto, une soirée au casino, et le lendemain on passe la matinée au sauna-hammam.» Onéreux ou à moindres frais, les enterrements de vie de célibataire sont devenus un vrai «rituel» pour les plus jeunes. «Quand vous questionnez les personnes qui y ont participé, le mot “tradition” revient souvent», remarque Catherine Pugeault, maîtresse de conférences au Centre de recherches sur les liens sociaux (Cerlis) Paris Descartes, et qui a travaillé sur le sujet. «Les gens veulent absolument le “réussir”, comme ils veulent réussir leur vie, leurs études, etc. La diffusion de ces “enterrements” est en partie liée au fait que, juste avant le passage de ce cap, on veut décompresser un peu. Même si ce passage est très relatif – les gens qui se marient habitent souvent déjà ensemble – il y a néanmoins une symbolique à laquelle on reste attaché.»