20 Minutes (Strasbourg)

Un rituel loin d’être enterré

Les enterremen­ts de vie de garçon, et de vie de jeune fille, rencontren­t un succès croissant, notamment chez les moins de 30 ans. Ce rendez-vous d’avant-mariage a cependant un coût parfois important.

- Nicolas Raffin

« Des moments inoubliabl­es, même si inévitable­ment très bien arrosés.» Voici comment Benjamin décrit l’enterremen­t de vie de garçon (EVG, ou EVJF, pour les filles) auquel il a participé l’an passé. Comme lui, ils sont de plus en plus nombreux à marquer le coup avant le mariage d’un(e) ami(e), ou avant leur propre cérémonie. Selon une enquête de l’Institut national d’études démographi­ques (Ined), la pratique s’est démocratis­ée dans les années 2000. « Parmi les gens qui se sont mariés dans les années 1990, seulement 23 % des hommes et 12 % des femmes faisaient des enterremen­ts de vie de célibatair­e, explique la sociologue Florence Maillochon à BFMTV. On est passé à 45% des hommes et des femmes, tous âges confondus.» Et, pour les moins de 30 ans, la pratique dépasse les 65%. Sentant le bon filon, plusieurs entreprise­s spécialisé­es et sociétés d’événementi­el proposent désormais des EVG/EVJF « sur mesure », avec voyages en Europe, activités « extrêmes» (tir à la Kalachniko­v, conduite de tank, combat contre un animal) et « shows » avec danseurs et danseuses souvent peu habillés. L’EVG français a même son propre film, Budapest, en salles ce mercredi (lire ci-dessous).

Un week-end à 400 €

C’est d’ailleurs à Budapest, en Hongrie, que Benjamin s’est retrouvé l’an passé. Location d’appartemen­t, sortie dans les «ruines» bars, séance de tir à balles réelles… Son week-end lui a coûté environ 400 €. Une somme loin d’être négligeabl­e. « Aujourd’hui, on se marie de plus en plus tard, les gens ont souvent un emploi, et donc un plus gros budget», note Sébastien Timineri, cofondateu­r de Voyage Event. Une marchandis­ation dénoncée par des membres du groupe #MoiJeune de 20 Minutes. « Chacun doit pouvoir prendre part à cet événement sans pour autant casser son PEL», lâche Alexis. Idem pour Anaïs : «Chez nous, c’est très simple : un resto, une soirée au casino, et le lendemain on passe la matinée au sauna-hammam.» Onéreux ou à moindres frais, les enterremen­ts de vie de célibatair­e sont devenus un vrai «rituel» pour les plus jeunes. «Quand vous questionne­z les personnes qui y ont participé, le mot “tradition” revient souvent», remarque Catherine Pugeault, maîtresse de conférence­s au Centre de recherches sur les liens sociaux (Cerlis) Paris Descartes, et qui a travaillé sur le sujet. «Les gens veulent absolument le “réussir”, comme ils veulent réussir leur vie, leurs études, etc. La diffusion de ces “enterremen­ts” est en partie liée au fait que, juste avant le passage de ce cap, on veut décompress­er un peu. Même si ce passage est très relatif – les gens qui se marient habitent souvent déjà ensemble – il y a néanmoins une symbolique à laquelle on reste attaché.»

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Plus de 65 % des moins de 30 ans célèbrent l’enterremen­t du célibat.

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