Y a le Mondial au programme
Omniprésente à l’école, la Coupe du monde de football peut entraîner des absences ou des troubles du sommeil chez les élèves, mais aussi représenter un atout pédagogique.
«Je me souviendrai toute ma vie du mois de juin 2018, maman ! » Deux garçons de 7 et 9 ans rentrent furax de l’école. Et pour cause, les cartes Panini et parties de foot ont été interdites dans leur école, rapporte leur mère. Oui, la Coupe du monde met un sacré binz dans les cours de récré. «Ils sont obsédés par le foot, assure une directrice d’école. Une mouche les déconcentre, alors imaginez le Mondial!» Elle a d’ailleurs interdit les cartes Panini toute l’année, car « ça crée des jalousies et des vols». En contactant pas mal de directeurs d’établissement, on s’est rendu compte que les mesures punitives préventives pendant le Mondial restaient rares. En revanche, les jours de matchs ne sont pas tout à fait comme les autres dans les écoles. Car le Mondial malmène la capacité de concentration des élèves. Prof d’histoire-géo en Nouvelle-Aquitaine, Méryl est « agacée par des interventions d’élèves en plein cours qui commentent le match de la veille ou établissent des pronostics». Mais le Mondial n’est pas un fléau pour tous les instits. Certains, comme Bobby, professeur des écoles en CM1, en font un sujet pédagogique : «J’en profite pour travailler sur la Russie, le périmètre d’un terrain, les pays participants… Ils sont motivés à travailler en cette fin d’année ! » Certains enseignants partagent cette passion avec leurs élèves, comme Anne-Lise, fan de foot et institutrice à Paris : « J’ai un album Panini et j’échange mes cartes avec celles des élèves. J’ai aussi préparé un petit jeu type escape game pour mes élèves sur le thème du Mondial. Un tournoi de foot a été organisé et la cour était survoltée. » Même complicité entre adultes et enfants dans une école de Seine-Saint-Denis, où Merwan a créé avec ses élèves une fan-zone» dans la cour de récréation pour regarder France-Danemark, le mardi 26 juin à 16 h.
Face à tant d’enthousiasme, on relance les parents et profs agacés par la Coupe du monde. Leur inquiétude n’est-elle pas exagérée ? « La chance qu’on a, c’est que le Mondial se déroule pendant un mois de juin déjà maltraité au niveau scolaire : vacances imminentes, conseils de classe passés», relativise Samuel Cywie, porteparole de la PEEP, la fédération des associations de parents d’élèves de l’école publique. Mais il se fait déjà du souci pour 2022. Le Mondial organisé au Qatar aura lieu avant les vacances de Noël : « Là, on aura d’autres soucis avec les enfants…»
« J’en profite pour travailler sur la Russie, les pays participants… » Bobby, prof en CM1