Les zadistes restent vigilants
Déterminés, les opposants au Grand contournement Ouest (GCO) font le guet à la ZAD de Kolbsheim, craignant l’arrivée des bulldozers
Des rôdeurs quadrillent la forêt du Moulin à Kolbsheim. Quelques barricades dérisoires permettent de filtrer les entrées de la ZAD. Ils sont un peu moins d’une quinzaine, en résidence ou de passage, à se relayer pour maintenir la veille et s’opposer aux travaux préparatoires du projet autoroutier Grand projet Ouest de Strasbourg (GCO). Depuis la signature de deux décrets par le préfet de la Région Grand Est – qui autorise le lancement des travaux de déboisement et de recherches archéologiques avant le lancement du chantier –, les zadistes s’attendent à tout moment à voir arriver les bulldozers et les forces de l’ordre. Si des recours juridiques doivent être déposés avant la fin de la semaine par l’association Alsace nature auprès du tribunal administratif pour retarder, voire interrompre la procédure, sur le terrain, on tend l’oreille… Les opposants restent vigilants : attablés, l’un d’eux semble entendre un bruit de camion dans la forêt. Aussitôt, quatre zadistes disparaissent pour identifier ce bruit.
« Faire sonner le tocsin »
« Nous nous relayons jour et nuit. Nous avons des contacts dans les villages voisins. En cas de problème, le village de Kolbsheim fera sonner le tocsin de l’église et les habitants rappliqueront pour nous soutenir », assure Jean, 23 ans, qui est déjà passé par Notre-Dame-des-Landes et Bure. Même si la ZAD alsacienne a quelques airs de famille avec d’autres occupations de terrains en France, il y règne une ambiance « bon enfant ». « Samedi, des artistes connus sont venus jouer de la musique, il y avait des enfants, des familles, beaucoup de locaux », raconte, Gérard, 60 ans. Les pieds nus, il apprécie le calme de l’endroit. Cet Illkirchois ne décolère pas : « Après sept avis négatifs, ils ne respectent pas les règles. Ils vont détruire des zones impossibles à compenser. C’est un déni de démocratie. Il faut être dur, déterminé, mais pacifiquement ». Sûrs d’une confrontation « devenue inévitable », d’autres ne veulent pas se prononcer sur la réponse qui sera donnée « à la violence policière et à l’injustice ». « De toute façon, nous avons déjà gagné, lance un zadiste. Parce que nous sommes là ! »