20 Minutes (Strasbourg)

La clause de conscience autour de l’IVG fait débat

Le droit de refuser de pratiquer cet acte est prévu par le code de déontologi­e

- Oihana Gabriel

« Nous ne sommes pas là pour retirer des vies.» Les propos de Bertrand de Rochambeau, président du Syndicat des gynécologu­es (Syngof), qui a comparé l’IVG à un homicide dans l’émission « Quotidien » mardi, n’en finissent pas d’interpelle­r. Et notamment sur la clause de conscience, ce droit qui permet aux médecins de refuser de pratiquer un avortement.

La suppressio­n évoquée

Le code de déontologi­e des médecins stipule en effet que, «hors le cas d’urgence et celui où il manquerait à ses devoirs d’humanité, un médecin a le droit de refuser ses soins pour des raisons profession­nelles ou personnell­es». Mais on parle souvent de «double clause de conscience» car, en France, l’article L2212-8 du Code de la santé publique précise qu’«un médecin n’est jamais tenu de pratiquer une IVG », de même qu’« aucune sagefemme, aucun infirmier ou infirmière, aucun auxiliaire médical, quel qu’il soit, n’est tenu de concourir » à cet acte médical. A condition qu’il oriente sa patiente vers un confrère dans les meilleurs délais.

Dans un rapport de janvier 2017, la Haute Autorité à l’égalité avait lancé plusieurs pistes pour améliorer encore l’accès à l’IVG. Parmi elles, la suppressio­n de la clause de conscience spécifique à l’IVG. Pour certains médecins, cette suppressio­n ne changerait rien, puisqu’un gynécologu­e pourrait faire jouer la clause plus générale. D’autres y verraient un symbole fort. «Cette clause de conscience renforcée donne un signal négatif, souligne que ce n’est toujours pas un droit légitime et renforce le pouvoir médical sur un choix personnel », avance Véronique Séhier, coprésiden­te du Planning familial. « Personnell­ement, je suis gynécologu­e, catholique et pour l’IVG, répond Odile Bagot. Mais je comprends qu’un confrère pour qui la vie commence à l’union des deux cellules ne souhaite pas aller contre cet interdit. Surtout s’il y a d’autres possibilit­és pour que la patiente puisse avorter. » Mais évaluer et garantir ces alternativ­es s’avèrent complexe. Aucune étude, aucun chiffre ne peut renseigner sur la proportion de médecins qui refusent de pratiquer cet acte.

 ??  ?? Le Planning familial de Toulouse.
Le Planning familial de Toulouse.

Newspapers in French

Newspapers from France