Un rêve bleu bientôt terminé
La France affronte l’Espagne en demie à partir de ce vendredi
Le moment de se dire au revoir approche. Que ce soit ce week-end, en cas d’élimination en demie contre l’Espagne, ou dans deux mois après la finale, les Bleus vont bientôt dire adieu à la Coupe Davis. Du moins dans son format actuel. «C’est une page qui se tourne», regrette déjà Yannick Noah, le capitaine des Bleus. Surtout que la nouvelle compétition pourrait abattre le dernier arbre qui cachait la forêt du tennis français bien malade.
«Il faut croiser les doigts»
Qualifiés dans le dernier carré à quatre reprises lors des cinq dernières années, les Bleus ont bénéficié à plein du retrait des meilleurs joueurs des nations adverses : Djokovic, Nishikori, Nadal… Ce qui a provoqué des perfs en trompe-l’oeil, car, dans le même temps, aucun tricolore n’a atteint les quarts d’un tournoi du Grand Chelem depuis janvier 2017. De quoi s’inquiéter, surtout au vu du format de la nouvelle Coupe Davis. « Avant, le classement ne signifiait rien en Coupe Davis, certains joueurs se transcendaient, indique Patrice Hagelauer, ex-capitaine des Bleus. Là, ils vont venir pour l’argent et non pour la fibre patriotique. Ça va se rapprocher d’un tournoi traditionnel.» Dans ce contexte, on voit mal les joueurs français sortir du lot. D’autant que Lucas Pouille, le meilleur d’entre eux (21e joueur mondial), a déjà annoncé son intention de boycotter l’épreuve. «Pour l’instant, on n’a pas de joueurs comme on a eu des Gasquet ou des Tsonga, lâche Patrice Hagelauer. Il faut croiser les doigts pour que les jeunes progressent vite. » L’ex-tennisman Arnaud Clément ne veut pas céder au défaitisme : « Ce n’est pas parce qu’il y a plus d’argent que les meilleurs joueurs viendront. Beaucoup de choses ne sont pas encore réglées.» Tout le monde s’accorde, au moins, sur un point. Avec la réforme, une crise des vocations pourrait toucher le tennis français. «Des joueurs ont décidé de se mettre au tennis en regardant la Coupe Davis», assure Hagelauer. « On est dans un pays qui a la culture Coupe Davis, ajoute Clément. Ce week-end, plein de jeunes joueurs sont invités. On les invite pour leur montrer quelque chose qu’ils ne vont jamais jouer ? C’est triste.»