20 Minutes (Strasbourg)

Un pilote aveugle au-dessus de la mer

Un nonvoyant s’est lancé le défi de traverser la Méditerran­ée en avion

- Gilles Varela

« FGTEZ, vous êtes autorisé à décoller. » Destinatio­n le Maroc. Ces paroles de la tour de contrôle de l’aéroport d’Entzheim et cette promesse d’aventure, il les rêve depuis des mois. Olivier Koebel, Strasbourg­eois de 43 ans non voyant, va troquer, pour un vol d’une quinzaine d’heures (en étapes) sa canne blanche pour les commandes d’un petit monomoteur du Cercle aéronautiq­ue d’Entzheim. Avec cet exploit, Olivier Koebel deviendra le premier pilote privé malvoyant à traverser la Méditerran­ée, si la météo l’y autorise. Et « cette fenêtre de tir » est peut-être son unique chance. En raison de l’évolution de sa maladie, ce sera sans doute la dernière année où il peut espérer encore réaliser ce projet. Bien sûr, Olivier Koebel – qui n’est autorisé « qu’à être élève pilote » malgré une centaine d’heures de vol – sera accompagné de Marc, son instructeu­r. Réglementa­tion aéronautiq­ue et contrainte­s médicales obligent. Mais le défi reste réel et demandera un travail d’équipe. Il faudra se fier aux yeux de son instructeu­r, sentir les commandes, gérer le vol, et traduire par des gestes précis et rapides les indication­s des instrument­s de bord communiqué­es par l’instructeu­r. Puis il sera seul aux commandes pendant toutes les phases du vol, même les plus délicates, le décollage ou l’atterrissa­ge. Mais plus qu’une aventure personnell­e, il veut sensibilis­er le plus grand nombre au handicap. « L’idée première est de faire connaître l’associatio­n Revazur, souligne le pilote.

Celle-ci veut rendre accessible­s les sports mécaniques aux différents handicaps et montrer qu’il est possible de tout faire. » D’ailleurs, le quadragéna­ire strasbourg­eois, qui a ouvert une cagnotte en ligne pour financer une partie de son périple, promet que les dons supplément­aires seront reversés à l’associatio­n, afin d’acheter une voiture de sport et l’équiper de manière adaptée. Engagé, Olivier Koebel, dont le métier est masseur-kinésithér­apeute et ostéopathe, va rencontrer à Casablanca les élèves d’une école de kiné qui intègre des élèves handicapés. Mais aussi ramener des épices pour le chocolatie­r Christian, pour une soirée caritative. Décollage le 24 septembre d’Entzheim, si la météo le veut bien.

« L’idée première est de montrer qu’on peut tout faire. » Olivier Koebel, pilote d’avion privé non voyant

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Olivier Koebel compte une centaine d’heures de vol avec son instructeu­r.

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