20 Minutes (Strasbourg)

Le Bas-Rhin, terre de houblon de père en fils

A l’heure de la fin de la récolte, le départemen­t concentre toujours 95 % de la production nationale

- Bruno Poussard

Dans des champs du nord de l’Alsace, certains croient parfois voir des vignes géantes. Mais les poteaux de près de dix mètres de haut servent à une autre plante que le raisin. La région de Brumath (Bas-Rhin) est l’épicentre de la culture du houblon en France. Vous savez, ce qui donne le goût et l’amertume à la bière. Lancée fin août, la récolte de la plante grimpante touche à sa fin. A Grassendor­f ce jeudi, il faut suivre l’odeur de bière et les tracteurs remplis de lianes pour trouver Aurélien Ingwiller. A 37 ans, il a repris l’exploitati­on à son père en 2016.

Un secteur redynamisé

Entouré de saisonnier­s à cette période, Aurélien Ingwiller baigne dedans depuis petit, des houblonniè­res jusqu’aux sacs remplis de têtes. « Ça me tient à coeur, en Alsace ça fait partie de la culture et du territoire », insiste-t-il en insérant une liane dans la grande machine de sa ferme. Ici, le houblon s’est développé au XIXe siècle. Du haut de ses 465 hectares, le Bas-Rhin fournit 95 % de la production du pays, malgré une période compliquée. Mais dix ans après que son père a dû réduire ses houblonniè­res à 15 hectares, Aurélien Ingwiller aura peut-être bientôt doublé la surface : « Aujourd’hui c’est porteur, les prix montent. Les microbrass­eries ont dynamisé le secteur. Les grandes sont forcées de s’adapter. Ça joue sur le tissu local. » Et donc, les 43 producteur­s alsaciens suivent. Dans le Nord, le houblon se relance aussi. Ailleurs en France, des projets de plantation existent. Le BasRhin pourrait-il perdre, un jour, son rang de premier producteur national ? Pour le Comptoir agricole, qui a fusionné avec la coopérativ­e des producteur­s d’Alsace, il n’y a pas de concurrenc­e. Le groupe est prêt à partager ses recherches génétiques. « Tous ces projets pourront aider à développer nos variétés de houblon d’origine française, conclut Antoine Wuchner, responsabl­e de la filière. On a un produit de qualité, on veut qu’il le reste. »

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Aurélien Ingwiller a repris l’exploitati­on familiale de Grassendor­f (Bas-Rhin) à son père en 2006.

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