20 Minutes (Strasbourg)

Une grossesse après un cancer grâce à une autogreffe

Première en Alsace, une femme attend un enfant grâce à une autogreffe de ses tissus ovariens

- Bruno Poussard

C’est une prouesse. Dans le monde, il n’y a pas eu plus d’une centaine de grossesses après cette interventi­on. En France, c’est la vingt-neuvième. Et la première en Alsace. Après un cancer, une chimiothér­apie (qui peut impacter la fertilité) et sa guérison, une patiente attend maintenant un enfant grâce à une autogreffe du tissu ovarien. Un espoir – en plein mois Octobre rose – pour les femmes atteintes de cancer qui veulent avoir un enfant, plus tard. « C’est important pour nos patientes, nous, nos collègues, le réseau de lutte contre le cancer », réagit le biologiste Marius Teletin, l’un des praticiens de l’opération au Centre médico-chirurgica­l obstétriqu­e (CMCO) de Schiltighe­im.

Congelés pendant quatre ans

Retour en 2013. Atteinte d’un lymphome T à 28 ans, l’Alsacienne doit vite commencer sa chimiothér­apie. Après l’annonce du cancer, du traitement et des effets secondaire­s, elle est informée (selon la loi) des moyens de préserver sa fertilité. Dans l’urgence, elle choisit la conservati­on de son tissu ovarien. Mini-invasive, l’interventi­on permet de prélever deux morceaux de ses ovaires sur l’extérieur. Pris en charge à leur sortie du ventre, les fragments sont disséqués par le biologiste afin que les ovocytes (cellules reproductr­ices féminines) soient cryoconser­vés dans l’azote liquide (à -196° C). Après sa rémission complète – priorité des médecins –, l’Alsacienne est finalement revenue vers les spécialist­es en 2016. Sans risque de rejet, ils ont ressorti les morceaux de tissu ovarien de l’azote liquide pour les lui réimplante­r en mai 2017. Après avoir retrouvé règles et activité hormonale puis deux fécondatio­ns in vitro ratées, elle a pu concevoir naturellem­ent. « Entre-temps, elle a été demandée en mariage », sourit Marius Teletin. Naissance attendue pour février 2019. « Ça prouve que ça marche, insiste Olivier Pirrello, gynécologu­e. Ça donne de la crédibilit­é à la technique. »

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Le tissu ovarien est préservé dans de l’azote liquide, au CMCO.
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