20 Minutes (Strasbourg)

Le métier de skipper a changé, selon Thomas Coville

Avant de prendre le départ de la route du Rhum, dimanche à Saint-Malo, le skippeur Thomas Coville livre sa vision de sa profession

- Propos recueillis par Nicolas Camus

Après le drame, le renouveau. Thomas Coville avait marqué la route du Rhum, bien malgré lui, il y a quatre ans. Quelques heures après le départ, il avait été heurté par un cargo à la sortie d’une zone de trafic. Une collision équivalant « à un accident de la route entre un poids lourd et une voiture », comme il la décrira plus tard. Déjà commencée, sa mutation en skippeur 2. 0 s’est accélérée après cet épisode. A quelques jours du départ de la nouvelle édition de la traversée transatlan­tique en solitaire, celui qui concourt dans la catégorie Ultime explique en quoi son métier et sa conception de la voile ont évolué.

V La préparatio­n physique. « Le grand public a encore en tête l’époque des Kersauson, Arthaud, Bourgnon ou Tabarly, qui étaient des athlètes « naturels », dans le sens où ils ne faisaient pas de préparatio­n physique spécifique. Aujourd’hui, c’est devenu quotidien. Personnell­ement, je l’ai fait depuis mes débuts, par goût et car j’ai senti que ça allait être important. Depuis cinq ans, je travaille avec un spécialist­e [François Bonnot]. La préparatio­n physique va avec la préparatio­n mentale et nutritive. Tout est relié à tout.» « Mon préparateu­r me lit des textes et me fait faire du calcul mental. »

V La préparatio­n cognitive. « Quand je fais de la musculatio­n, par exemple, mon préparateu­r me lit des textes et me fait faire du calcul mental. Le but est d’élever mon niveau de concentrat­ion, d’être dans une exigence qui n’est pas que physique. C’est impression­nant de se rendre compte à quel point le mental mange de la puissance physique.

V Le métier, aujourd’hui. « On a vraiment l’impression de faire un autre métier qu’il y a dix ans. C’est à la fois angoissant et enthousias­mant. Il n’y a pas beaucoup de sports qui ont changé à ce point, que ce soit techniquem­ent ou humainemen­t. On a muté. Pour être skippeur aujourd’hui, il faut être mince, endurant, musclé mais pas trop. Si je le suis trop, je suis lourd, et si je suis lourd, sur un bateau qui bouge beaucoup, je vais dépenser énormément d’énergie pour garder mon équilibre. Des sujets balbutiant­s il y a dix ans sont fondamenta­ux aujourd’hui. »

V La voile, demain. « On est en train de vivre une ère qui réinvente la voile, avec de nouvelles approches en matière de météorolog­ie et de climatolog­ie. Demain, avec les nouveaux bateaux, on pourra aller plus vite que le vent, plus vite que le temps. Le fait que ce soit de plus en plus mental, sans avoir perdu les sensations de navigation, c’est magnifique. L’ADN de la voile a toujours été de s’adapter. »

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Au fil des années, Coville a apporté des changement­s dans sa préparatio­n.

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