Les collégiens luttent contre le « sexting non consenti »
Concernés par les cas de « sexting non consenti », des collégiens alsaciens ont travaillé sur la lutte contre ce phénomène
« Des publicités en ligne avec des Youtubeurs connus », « Un jour consacré à ce sujet, où on inviterait des victimes du cyber-harcèlement », « Un message automatique qui s’afficherait sur tous les téléphones pour rappeler les risques en cas de harcèlement »… Salima, Niouma, Fadi, Kiara ou Sofia, 13 et 14 ans, ont eu des idées et montré de l’entrain lors du hackathon pour lequel ces collégiens ont été invités à travailler sur la lutte contre le cyber-harcèlement. Et plus précisément du « sexting non consenti » (généralement, la diffusion sur les réseaux sociaux d’images intimes à l’insu de la victime). Ce sujet est lourd et pourtant Niouma l’assure : « C’est très facile de travailler dessus. Parce qu’on comprend, on est habitué. » D’autant qu’elle et ses camarades du collège Saint-Exupéry à Mulhouse sont des « sentinelles » qui interviennent dans leur établissement en cas de problème.
La victime se tait « par peur »
Ils citent alors l’exemple d’une adolescente dont les photos ont été diffusées à son insu sur Snapchat. « Ça m’a choquée qu’elle n’ait rien dit, qu’elle s’en fiche au final », souligne Niouma. Lorsqu’il assiste à du harcèlement, Fadi raconte, lui, qu’il va « voir la victime. Mais parfois elle ne veut rien dire parce qu’elle a peur. Je retourne la voir le lendemain pour prendre des nouvelles. » Des relais de terrain sur lesquels veut s’appuyer le rectorat. D’autant que l’académie de Strasbourg a été confrontée à ces situations : en janvier et février à Strasbourg puis Mulhouse, le rectorat a enregistré 80 cas de jeunes filles dont les photos intimes ont été détournées et diffusées sur Snapchat (lire l’encadré). « On forme 700 personnes par an, des milliers d’élèves sont sensibilisés, mais ça ne suffit pas : il faut rendre les élèves acteurs, estime Lucie Pitiot, référente académique pour le harcèlement. Les jeunes peuvent nous dire jusqu’où on peut aller et quelles sont les limites. » Depuis la rentrée, le rectorat a enregistré sept cas de cyber-violence. L’académie s’attend à une cinquantaine de signalements de cyber-harcèlement cette année, contre 37 l’an passé.