PDG de Renault, Carlos Ghosn est dans la tourmente
Le directeur du conseil d’administration de Nissan, notamment, est accusé de malversations par la justice japonaise
Déflagration dans le secteur automobile français. Carlos Ghosn, PDG de Renault et directeur des conseils d’administration de Nissan et de Mitsubishi Motors, a été arrêté lundi à Tokyo. Il est suspecté d’avoir dissimulé une partie de son salaire au fisc et d’avoir utilisé des biens du premier constructeur automobile japonais à des fins personnelles. Lorsqu’il était PDG de Nissan, Carlos Ghosn a touché pour la période d’avril 2016 à mars 2017 quasiment 8,8 millions d’euros. Auxquels s’ajoutent plus de 7 millions d’euros par an au titre de PDG de Renault. Des revenus qui rendent encore plus incompréhensibles les accusations dont il fait l’objet aujourd’hui. « Les hauts dirigeants laissent la gestion de leurs actifs à des conseillers en patrimoine qui ont pour consigne de faire de l’optimisation fiscale en frôlant la ligne rouge, explique Sébastien Fouré, enseignant à Sup de Co La Rochelle et spécialiste de la gouvernance des entreprises. Et, parfois, ils dépassent cette ligne rouge. » Un avis partagé par Hervé Joly, chercheur au CNRS, spécialiste de l’histoire des entreprises et des entrepreneurs : « Si les soupçons le concernant sont avérés, on peut penser qu’il a été mal conseillé, ou qu’il a complètement perdu le sens des réalités. » Image « catastrophique » Ce scandale, Sébastien Fouré le juge « catastrophique pour son image, d’autant que le grand public et les médias avaient déjà mal vécu ses rémunérations importantes ». Le conseil d’administration de Nissan doit se prononcer sur le limogeage de Carlos Ghosn. « Si c’est le cas, il risque d’être éjecté de son poste de PDG de Renault. Car, étant donné les liens forts qui lient Renault à Nissan, on voit mal comment le groupe français pourrait rester solidaire de son patron », estime Hervé Joly.
Les accusations contre Carlos Ghosn, qui a forgé seul le partenariat Renault-Nissan-Mitsubishi, portent aussi un rude coup au trio francojaponais, qui revendique le titre de premier ensemble automobile mondial, avec 10,6 millions de voitures vendues l’an dernier, dépassant ses rivaux Toyota ou Volkswagen. Pour autant, « les synergies industrielles et commerciales sont telles que l’existence du partenariat ne sera pas affectée, avance Sébastien Fouré. Mais cela peut avoir une incidence sur la stratégie de l’alliance, si elle n’est plus dirigée par lui. » En revanche, l’impact sur Renault sera, lui, « significatif », a déclaré Hiroto Saikawa, le PDG de Nissan. D’ailleurs, à la Bourse de Paris, le titre de Renault s’effondrait de plus de 10 % en séance lundi. Le conseil d’administration du groupe « se réunira au plus vite », a indiqué dans la soirée le constructeur automobile.