L’art (très) délicat de la pétition citoyenne en ligne
Des pétitions citoyennes issues du pacte de démocratie locale sont en ligne
L’une des pétitions citoyennes en ligne – dispositif récemment mis en place par la ville de Strasbourg – rappelle combien cet exercice de démocratie locale est délicat. Demandant le rétablissement de la gratuité du stationnement entre 12 h et 14 h à Strasbourg, elle est déclarée recevable et publiée depuis une poignée de jours sur la plateforme de la ville. Remise par l’association les Volontaires pour Strasbourg, elle a pris de court l’exécutif strasbourgeois, qui a tenu à ce que soit bien mentionné sur la pétition que l’association est un… parti politique. Un « nouveau micro » pour l’opposition ? Un coup de canif aux espérances de ce nouvel outil mis à la disposition des citoyens ? Selon Pierre Jakubowicz, le président de l’association, cette pétition a toute sa place dans le nouveau dispositif. La suppression de la gratuité du stationnement à la pause méridienne est un « exemple de décision pour laquelle l’avis de Strasbourgeois n’a pas été pris en compte », et l’une des mesures «qui est la plus revenue dans notre consultation sur les transports et mobilités à Strasbourg ».
« Rétablir le dialogue »
Pourtant, ce sujet a déjà été débattu au conseil municipal. «Cette pétition a suscité des interrogations au stade de sa recevabilité, reconnaît Chantal Cutajar, adjointe au maire chargée de la démocratie locale. Ce qui est prévu pour éviter cela est qu’un sujet qui a été délibéré en conseil municipal ne peut pas faire l’objet d’une pétition. Mais sur le stationnement, il n’y a eu que des débats, pas de délibération… » S’il est donc possible d’aborder à nouveau les sujets difficiles, Pierre Jakubowicz souligne que ce n’est pas une nouvelle tribune et « qu’il revient aux responsables associatifs, aux citoyens, de ne pas abuser de ce dispositif, qui reste une très bonne initiative ». « De toute façon, il ne faut pas avoir peur de la démocratie », affirme Chantal Cutajar. L’idée de ces pétitions citoyennes est de renouer le débat, directement avec les habitants, et de créer des liens de confiance. » « Et d’apporter des décisions concrètes ? » s’interroge Pierre Jakubowicz. « Après, pour une délibération, cela dépend du maire qui, à la fin, tranche », rappelle l’élue. « On reste dans un système de démocratie représentative, avec des choix politiques portés par les élus et qui doivent être assumés, souligne Chantal Cutajar. L’objectif de ces pétitions n’est pas d’établir une démocratie directe, mais bien de rétablir le dialogue entre élus et citoyens ».