Des algues pour dépolluer
Une chercheuse peaufine à Strasbourg un procédé naturel pour nettoyer les eaux usées
En France, la qualité de l’eau se dégrade. Un problème mondial sur le devant de la scène en pleine COP 24. Face aux lourds rejets industriels, des solutions existent pourtant. Certaines sont développées sur la base de procédés naturels. Imaginez par exemple des déchets verts, dont personne ne veut, utilisés pour dépolluer des eaux. A l’Institut pluridisciplinaire Hubert-Curien de Cronenbourg, grâce au programme Make our planet great again, une chercheuse brésilienne s’y intéresse. Elle utilise des algues brunes pour capter, entre autres, des métaux lourds.
Réutiliser un déchet
Collectées à Sao Paulo, les algues sont arrivées en septembre dans les valises de Camila Stefanne Dia Costa. Elles ont voyagé sous forme de résidus lavés, broyés et séparés de l’alginate. Cette molécule est connue de l’industrie alimentaire qui l’utilise en tant que gélifiant. Le résidu, obtenu à partir d’algues aussi présentes en France, permet de piéger une molécule à sa surface, ce qui est appelé procédé d’adsorption.
Un procédé déjà connu mais jusquelà réservé aux produits de synthèse. « Les coûts de synthèse sont plus élevés et font appel à la pétrochimie alors que là, on peut partir d’un déchet », explique Anne Boos, co-encadrante de la doctorante. « En hiver notamment, ces algues relâchent leurs branches retrouvées sur les plages de toute la côte Atlantique du Brésil, complète sa collègue Caroline Bertagnolli. L’idée est de les ramasser pour en faire quelque chose d’utile. » Le Brésil, dont elle est aussi originaire, a en effet subi des désastres écologiques. Après ses travaux sur le chrome le plus toxique trouvé dans des effluents industriels (de tanneries, par exemple), Camila Stefanne Dia Costa teste le processus de dépollution avec ces résidus d’algues sur divers métaux. A trois mois de la fin de sa thèse, elle cherche les conditions les plus adaptées pour capter les polluants.