Des zones naturelles bloquent l’arrivée du téléphérique
Les zones naturelles de la Plaine d’Alsace compliquent l’arrivée du téléphérique
Le parc d’attractions se conjuguera-t-il avec le parc naturel ? Tout au moins avec les zones naturelles du Grand Ried qui, le long du Rhin, compliquent le projet transfrontalier de liaison téléphérique au-dessus du Rhin pour aller à Europa-Park.
Le parc d’attractions allemand veut y installer une connexion pour améliorer sa desserte avec, en prime, la réalisation d’offres d’hébergement côté français. Mais un mois après l’annonce, Europa-Park a suspendu son projet pour cinq ans. Il faut dire que la proximité de secteurs naturels protégés a suscité des questions.
De quoi parle-t-on alors ? D’une zone avec « une densité de classements environnementaux très forte. Certaines parties en comptent 14 différents », commentait auprès de 20 Minutes en novembre Antoine Herth, député (Agir) de cette circonscription du Bas-Rhin. Arnaud Schwartz, président France Nature Environnement Grand Est et membre d’Alsace Nature, poursuit : « Des deux côtés, il y a des espaces classés en réserve naturelle (l’Ile de Rhinau et Taubergiessen), l’international Ramsar pour les zones humides ou l’européen Natura 2000 pour la préservation des espèces animales et végétales. »
Autour, des terres agricoles qui ne sont pas protégées mais qui assurent à la nature sa tranquillité. Essentiel si l’on considère, comme le souligne Arnaud Schwartz, que « la forêt alluviale rhénane en plaine est l’un des terrains les plus propices à une vie sauvage. Elle est plus ou moins humide avec les anciens bras du Rhin et très peu exploitée donc hyper rare. Il y a une diversité de végétaux, d’animaux, d’oiseaux, de champignons… Bref, d’humains ». Dans le détail, on peut y voir des peupliers noirs et des aulnes blancs, des ormes, des frênes ou encore des lianes comme le lierre : une cinquantaine d’espèces différentes, répertoriées par Réserves naturelles de France, pour l’Ile de Rhinau.
Un couloir de migration
Le Ried est aussi une zone utilisée par les oiseaux lors de leur migration et leur nidification. Selon l’Inventaire national du patrimoine naturel, le site abrite près d’une dizaine d’espèces nicheuses d’intérêt européen ainsi que certaines inscrites sur la liste rouge des oiseaux nicheurs d’Alsace (la pie-grièche grise, la chouette chevêche, le courlis cendré, le râle d’eau et le tarier des prés). Deuxième site français d’accueil des oiseaux d’eaux hivernants après la Camargue, il est aussi l’un des plus importants couloirs de migration d’oiseaux, après la façade atlantique. Alors « y voir un fil tendu sur des milliers de mètres» pour un téléphérique, dixit Arnaud Schwartz, inquiète : « Mais on ne veut pas accuser à tort. » L’association doit, dans cette optique, rencontrer les dirigeants d’Europa-Park prochainement.