20 Minutes (Strasbourg)

«Le sexisme est quotidien et continu»

Le Haut Conseil à l’égalité femmeshomm­es, présidé par Danielle Bousquet, publie un rapport

- Propos recueillis par Justine Guitton-Boussion

La loi relative à l’égalité et à la citoyennet­é, promulguée en janvier 2017, promettait la publicatio­n par le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes d’un rapport sur l’état du sexisme en France. Celui-ci est publié ce jeudi et se focalise sur les injures sexistes et l’humour. Danielle Bousquet (photo), la présidente du Haut Conseil, résume à 20 Minutes les 135 pages du dossier.

Pourquoi avoir choisi de travailler sur les injures sexistes et l’humour ? Ce sont deux sujets banalisés et pourtant présents dans le quotidien des femmes. Les blagues sexistes, notamment, sont légion. Les membres du Haut Conseil à l’égalité femmeshomm­es ont écouté pendant un mois, en novembre 2017, les trois matinales radios les plus écoutées en France : 71 % des sketchs mobilisent au moins un ressort sexiste, c’est énorme. Qu’est-ce qui ressort principale­ment de votre rapport ?

Le sexisme est une idéologie de l’infériorit­é des femmes par rapport aux hommes. Elle est dangereuse, car elle fait des dégâts sur les femmes, sur leur comporteme­nt, sur leur corps. Le sexisme peut avoir des conséquenc­es extrêmemen­t graves, en partant de l’humiliatio­n et en allant jusqu’au crime. C’est une idéologie très répandue, quotidienn­e, qui est très faiblement condamnée.

Avez-vous eu des surprises en rédigeant ce rapport ?

La grande révélation, c’est que le sexisme est quotidien et continu pour les femmes. On rit des femmes le matin à la radio, on commence la journée en étant humiliée parce qu’on est une femme. Ensuite, dans la rue, on peut se faire traiter de « vieille morue » ou de «salope». Au bureau, un collègue va faire une blague salace parce qu’on a mis du rouge à lèvres ou parce qu’on a un soutien-gorge visible. Et quand on rentre le soir, on peut se faire battre par son compagnon parce que les violences conjugales font partie de ce qui est produit par le sexisme.

Quelles recommanda­tions faites-vous au grand public ?

Si vous comprenez qu’une blague que vous venez d’entendre ou que vous avez envie de faire est sexiste, il faut le dire. Dire : « J’avais envie de faire une blague sexiste, ce n’est pas normal », ou «: Tu as fait une blague sexiste, ce n’est pas normal. » De la même manière qu’aujourd’hui on est attentif aux blagues racistes, il faut être attentif aux blagues sexistes. Il faut qu’il y ait une condamnati­on sociale du sexisme, en plus d’une condamnati­on politique et judiciaire.

Etes-vous optimiste quant à l’avenir de l’égalité femmes-hommes ? Absolument. Je pense que tous ces mouvements qui dénoncent partout le sexisme sont formidable­s. Et les jeunes sont moins tolérants au sexisme que leurs aînés, ils dénoncent beaucoup plus que les adultes.

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Lors de la marche contre les violences faites aux femmes, le 24 novembre.
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