20 Minutes (Strasbourg)

Le jour où tout pouvait basculer

Jo-Wilfried Tsonga retrouve Novak Djokovic ce jeudi à l’Open d’Australie. Il y a onze ans, les deux hommes s’affrontaie­nt en finale

- William Pereira

A l’heure où le ten years challenge sévit sur les réseaux sociaux, où l’on met deux photos de soi distantes de dix ans, les retrouvail­les entre JoWilfried Tsonga et Novak Djokovic, ce jeudi matin au deuxième tour de l’Open d’Australie, onze ans après la finale de 2008, tombent à pic. Cette année-là, le Manceau avait écarté Murray, Gasquet et Nadal, avant de s’écraser contre le Serbe. Une performanc­e inédite dans la carrière du Français. Les années ont défilé, mais Melbourne 2008 reste la plus grande oeuvre inachevée du tennis masculin tricolore au XXIe siècle.

Où en serait aujourd’hui la carrière de «Jo» s’il avait soulevé le trophée à la place de « Nole » ? « Gagner un titre majeur, ça change toujours, d’après moi, beaucoup de choses, affirme Eric Winogradsk­y, le mentor de Tsonga à l’époque. Les autres ne vous regardent plus de la même manière. Ça donne un surplus de confiance en soi, même si ce n’est pas quelque chose qui manque aux grands champions. »

« Il n’a jamais été en mesure d’enchaîner pour se rapprocher des tout meilleurs. »

Eric Winogradsk­y, ex-coach

Une victoire à Melbourne aurait fourni au Manceau un matelas d’expérience utile pour les années à suivre. Une expérience dont Tsonga manquait, de son propre aveu, lors de ce qui était sa première finale sur le circuit principal en 2008. «D’un coup, je passais du petit gars de Savigné-l’Evêque qui allait à la pêche avec ses potes dans la Sarthe à un finaliste en Grand Chelem ! »

Depuis cette finale en Australie, Tsonga a fait du chemin, mais est toujours resté derrière le Serbe. Le physique récalcitra­nt du Français est la principale source de regrets du joueur et de son entourage, bien plus encore que l’échec de 2008. «Il n’a jamais été en mesure d’enchaîner sur une période suffisamme­nt longue pour pouvoir se rapprocher des tout meilleurs et de la victoire finale, rappelle Winogradsk­y. A chaque fois qu’il a été en situation de, il a été stoppé par une blessure, malheureus­ement. » Mais ne ramener l’échec de l’ancienne tête de gondole du tennis français qu’à ses pépins, c’est oublier tout le reste, c’est oublier que, devant, il y avait quatre, cinq ou six joueurs (Federer, Nadal, Djokovic, Murray, Del Potro, Wawrinka) qui lui étaient supérieurs. « S’il est resté collé derrière les tops joueurs, c’est qu’il était vraiment en dessous au niveau des qualités naturelles », confirme Jean-Paul Loth, ex-capitaine de la Coupe Davis.

A 33 ans, Jo-Wilfried Tsonga peut-il encore espérer gagner un tournoi du Grand Chelem ? « Je pense qu’il a encore une petite chance, elle est petite mais elle existe, assure Winogradsk­y. Ça sera dur, mais il va s’y accrocher si son corps lui en laisse la possibilit­é. » Il ne reste plus qu’à battre Djokovic ce matin.

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Pour sa première finale, Tsonga avait perdu face à Djokovic en Australie.

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