Le choeur des hommes
Dans «Deux Fils», Félix Moati met en scène un trio masculin, avec comme figure centrale un père touchant et lunaire
Pour son premier long-métrage comme réalisateur, l’acteur Félix Moati s’attaque à la figure du père. Deux Fils réunit Vincent Lacoste et le débutant Mathieu Capella autour d’un géniteur capricieux incarné par Benoît Poelvoorde. « Benoît Poelvoorde est un père idéal entre fantasme et réalité, explique le jeune réalisateur. C’est son regard empli de bienveillance qui m’a donné envie de lui confier ce personnage. » Le papa du film, auteur raté, sacrifie son cabinet de médecin pour se lancer dans l’écriture malgré son manque de talent évident.
«Je me suis intéressé à la masculinité blessée. » Félix Moati, rélaisateur
Rien à voir avec le vrai père de Félix, le journaliste, réalisateur et producteur Serge Moati. « Tous les pères sont fascinants, surtout à l’âge où l’on se sent devenir un homme et où l’on a envie de dire à ses proches, de façon pudique, qu’on les aime», explique le cinéaste de 28 ans. C’est pour cela que Félix Moati s’est entouré de comédiens qu’il connaît bien. «J’avais envie de capter le visage de mon ami Vincent Lacoste, un acteur qui ne sait pas être mauvais, mais aussi de saisir le vertige que provoque Anaïs Demoustier. » Qu’elle soit professionnelle ou personnelle, réelle ou fictive, la famille constitue le thème central de Deux Fils.
Le trio masculin du film n’a pas peur de laisser apparaître ses failles. Benoît Poelvoorde est touchant en quinquagénaire qui s’accroche à son rêve, au grand dam de ses fistons. «Je me suis intéressé à la masculinité blessée, aux interrogations qu’implique le fait d’être un homme de nos jours », insiste le réalisateur. L’amour paternel et la tendresse filiale affleurent dans cette comédie. «L’humour est une façon de se protéger face aux petits arrangements qu’on fait avec soi-même pour éviter de sombrer dans la dépression», explique Félix Moati. Chacun trouve sa façon de résister : alcool, écriture ou ressassement d’un chagrin d’amour.
« Je rêve que tout le monde retrouve un peu de son père dans mon film », reconnaît le cinéaste. La folie douce-amère qui nimbe l’ensemble prouve qu’il a su trouver le bon ton pour parler d’une famille et du moment délicat où les enfants se sentent responsables de leurs parents. Deux Fils, oeuvre délicatement drôle, se révèle avant tout une affaire de coeur.