Les nouveaux défis à relever pour vaincre le cancer de l’enfant
Cancer pédiatrique Caractéristiques, traitements, avancées... La maladie chez l’enfant n’est pas du tout la même que chez l’adulte
Une nuit pour 2500 voix. Ce vendredi, Journée internationale des cancers de l’enfant, des centaines de concerts sont organisés en France pour récolter des dons dans l’espoir de faire avancer la recherche. Pourquoi 2 500 ? Parce que c’est le nombre d’enfants atteints par la maladie chaque année. Cinq cents ne seront pas guéris. Des chiffres qui font froid dans le dos, mais qui commencent à sortir de l’oubli.
Budget spécifique
«Un colloque organisé à l’Assemblée en mai a fait bouger les lignes, se félicite Benoît Simian, député LREM. Puis les associations se sont fédérées, avec le collectif Grandir sans cancer, ce qui a facilité les travaux des parlementaires. » En novembre, la ministre de la Recherche, Frédérique Vidal, a annoncé la création d’un fonds spécifique de 5 millions d’euros pour la recherche sur les cancers pédiatriques. Une victoire en demi-teinte pour les associations, qui réclamaient 20 millions d’euros. Mais «on peut espérer faire évoluer cette enveloppe », avance Stéphane Vedrenne, président d’Eva pour la vie, du nom de sa fille décédée d’un cancer. « Le gouvernement a vu que les cancers de l’enfant méritaient une attention particulière», salue Olivier Delattre, directeur du centre de pédiatrie de l’Institut Curie.
«Dans le nouveau plan, cette vision sectorielle pourrait attirer sur cette spécialité des chercheurs qui, auparavant, pouvaient être découragés, car ils risquaient de passer plus de temps à chercher des financements que des médicaments », estime Benoît Simian. Les oncologues, eux, insistent sur l’importance de développer des projets uniquement sur les cancers pédiatriques, parce que les maladies ne sont pas les mêmes. Ni cancer du poumon, de la prostate ou du sein chez les enfants, mais des neuroblastomes, cancers du tronc cérébral et autres leucémies. « La différence porte aussi sur leurs caractéristiques, souligne Dominique Valteau-Couanet, cheffe du département de cancérologie de l’enfant au centre Gustave-Roussy (Villejuif). Chez les adultes, les cancers ont beaucoup de mutations, pas chez l’enfant, du coup, les immunothérapies n’ont pas la même efficacité.» Le chantier reste vaste, avec trois enjeux majeurs : comprendre les causes de ces cancers, trouver de nouveaux traitements efficaces, et moins lourds sur le long terme. « Certes, on a fait beaucoup de progrès, puisque 80 % des enfants guérissent aujourd’hui d’un cancer, mais c’est la première cause de mortalité par maladie. Il faut progresser», rappelle Dominique ValteauCouanet. Notamment en trouvant des thérapies nouvelles, moins invasives et avec moins d’effets secondaires. «Pour cela, il faut aussi inciter les industriels à tester leurs médicaments sur les enfants. Mais comme ce sont des maladies plutôt rares, c’est peu intéressant pour eux », relève Olivier Delattre.