Les Français vus de l’extérieur
Des professionnels du tourisme à l’étranger évoquent la façon dont ils perçoivent les touristes hexagonaux
« Les Français ? Ils sont un peu chiants quand même… Mais ce sont mes voyageurs préférés!» Voilà la première réaction de Coumba Ngom, gérante du Gîte du Plateau Mont-Royal, une auberge de jeunesse de Montréal, lorsqu’on l’interroge sur les voyageurs hexagonaux. Si toutes les nationalités emportent avec elles quelques clichés en voyage, les Français n’y échappent pas. Alors, quand on se coltine au quotidien nos compatriotes, a-t-on plutôt envie de boire un verre de vin avec eux ou de leur lancer un camembert en pleine figure? «J’adore les voyageurs français, s’enthousiasme Mina Wasfy, guide touristique en Egypte depuis 2004. Ils sont très cultivés, s’intéressent aux monuments. Ils ne voyagent pas seulement pour prendre des photos.» Vishnu Panchariya, lui, nous répond depuis le Rajasthan, un Etat du nord-ouest de l’Inde qu’il fait visiter à des touristes français depuis une dizaine d’années. « La principale particularité des Français, c’est l’esprit critique, estime-t-il. Quand vous posez une question à des Français, leur réponse va être aussi pointue, voire plus, que votre question.»
«Ils n’ont pas la culture du pourboire. » Mina Wasfy, guide en Egypte
Le Français couperait-il donc les cheveux en quatre ? « Pour moi, c’est une qualité », déclare le guide indien. Mais ils doivent bien avoir quelques défauts, quand même. « Ils disent souvent que c’est mieux en France, que c’est moins cher, etc., s’amuse Coumba Ngom, depuis Montréal. En réalité, comparer avec son propre pays, c’est très français. Mais ils comparent aussi beaucoup pour dire que le Québec, sur telle ou telle chose, c’est mieux. »
Vu du Québec, d’Inde ou d’Egypte, là où le bât blesse, c’est sur la question du pourboire. « C’est vrai, les Français n’ont pas cette culture, selon Mina Wasfy. Les Américains peuvent donner plus après une heure de visite que les Français après trois jours. » Sommesnous de gros radins ? « Pas forcément, reprend le guide égyptien. D’ailleurs, les Français n’achètent pas moins de souvenirs que les autres.» Pour Vishnu Panchariya, «il s’agit d’une différence culturelle». Coumba Ngom explique le malentendu depuis Montréal : «En Amérique du Nord, les taxes sont ajoutées à la caisse, et le service n’est jamais inclus. Les Français ne le savent pas forcément. Quand ils ont compris, ils laissent le pourboire qu’il faut.» Terminons sur une note plus légère : la séduction ou, du moins, la drague. Ou encore «la cruise», comme on dit au Québec. « Les Italiens sont les imbattables numéros 1, tranche Coumba Ngom. Mais les Français sont numéros 2. D’ailleurs, parmi les couples qui se forment le plus rapidement ici à l’auberge, c’est très rare qu’il n’y ait pas un ou une Français(e)!»