20 Minutes (Strasbourg)

Le plaisir au centre du jeu dès le plus jeune âge

En réaction aux nombreux accidents et à la dimension physique du haut niveau, la FFR veut « remettre le plaisir » au centre de l’apprentiss­age

- Julien Laloye

Un bel après-midi ensoleillé de février, sur un terrain en synthétiqu­e, à Paris. Des gamins fous de joie, des ballons partout, et le doux rêve d’avoir 10 ans à nouveau. « Il faut que les gamins se disent qu’ils vont s’amuser en venant à l’école de rugby, souffle Vincent Lenouvel, le directeur sportif du Paris Université Club. La culture du club, c’est de prôner le jeu. » A cet âge, ils ne pensent jamais à provoquer l’affronteme­nt direct. « Jusqu’à 12 ans, l’attaque prend tout le temps le pas sur les défenses, et les gamins sont dans l’évitement permanent », confirme l’éducateur. Une fraîcheur aussi fragile que prometteus­e en ces temps difficiles pour le rugby de haut niveau. La Fédération s’est ainsi empressée, en septembre 2018, de lancer un programme national pour une nouvelle organisati­on des apprentiss­ages dans les écoles de rugby. Objectif avoué? « Organiser la pratique du rugby en toute sécurité », reconnaît Didier Rétière. L’ex-coach des avants tricolores, désormais directeur technique national, concède que les excès du rugby pro ont déteint sur la pratique globale. « Il faut remettre du plaisir, en commençant par les plus jeunes », indique-t-il.

« La pratique sauvage du rugby a disparu en France. »

Didier Retière, le DTN du rugby

Une mesure symbolique : l’expériment­ation de la règle du passage en force, calquée sur le modèle du basket. « C’est davantage une règle à destinatio­n de l’opinion, pour montrer que le rugby fait face », nuance Benoît Beyne, président du Toulouse Lalande Aucamville. Ne pas croire, pour autant, que les enfants se font des politesses. « Le plaquage, c’est l’essence du jeu, affirme Vincent Lenouvel. Quand on fait de l’animation scolaire, le premier truc qu’ils demandent, c’est : “Quand est-ce qu’on plaque?” L’enjeu, c’est d’apprendre à le faire en sécurité. » Malgré cela, la FFR connaît une fuite de licenciés préoccupan­te, notamment chez les jeunes. En une année, 30 000 licenciés ont pris la poudre d’escampette. Si la fédé manque encore de recul sur son plan, Didier Retière fait le lien entre les habitudes prises dès le plus jeune âge et les critiques adressées aux internatio­naux sur leur manque de maîtrise technique : « La pratique sauvage du rugby a disparu en France. Elle avait un grand rôle dans l’émergence de talents. Aujourd’hui, ça passe par les clubs. Mais il faudra attendre dix ans pour voir les effets au haut niveau. » Récemment, les responsabl­es fédéraux se sont alarmés de voir débarquer des génération­s entières sans ouvreur d’avenir. Puis ils ont réfléchi. Cela correspond­ait à la dernière grose réforme passée dans les écoles de rugby : interdicti­on de jouer au pied, sauf absolue nécessité.

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Guilhem Guirado lors d’un entraîneme­nt des Bleus ouvert aux enfants.

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