20 Minutes (Strasbourg)

Le maire conteste l’occupation du Bastion social

Le Bastion social Strasbourg, groupe identitair­e d’extrême droite, occupe illégaleme­nt depuis une semaine deux maisons inhabitées

- Gilles Varela

Des drapeaux alsaciens rouge et blanc «Rot un Wiss» flottent aux fenêtres de deux maisons du village d’Entzheim, une petite commune près de Strasbourg. Mais aussi celui du Bastion social, groupe identitair­e, ainsi qu’une grande banderole sur laquelle on peut lire « Arcadia maison solidaire et identitair­e». Les allées et venues sont surveillée­s, et quelques barbelés flambant neufs «protègent» le portail d’entrée… Le décor est planté. Depuis une semaine, le groupe d’extrême droite occupe illégaleme­nt une ancienne ferme et une maison adjacente, toutes deux propriétés de la commune. « Un squat inadmissib­le » fulmine le maire Jean Humann, une « occupation non conforme », préfère dire le Bastion social.

Ses occupants prétendent sur leur page Facebook vouloir rénover la ferme alsacienne, « abandonnée par la mairie », et protéger le patrimoine Alsacien. Vouloir également ouvrir dès que possible, après des travaux, un lieu d’accueil « pour les Français les plus démunis ».

Le maire enrage

Des propos et une occupation qui offusquent le maire de la petite commune cossue : « Le droit de propriété, ça existe encore, explique le maire. Vous vous rendez compte quel exemple cela donne ? Quelqu’un vient, il prend un bien communal et se l’approprie ! Où va-t-on si on extrapole ce modèle-là ! » Le maire souligne qu’un projet de rénovation est en cours et précise avoir visité les lieux en 2016 avec l’Associatio­n pour la sauvegarde de la maison alsacienne (Asma). L’élu atteste également avoir commandé une évaluation du montant des travaux, les frais d’études, la rédaction du cahier des charges pour la rénovation de la vieille ferme afin de le soumettre au budget 2019, pour un montant de 200 000 €. « Une offre a été réceptionn­ée en mairie fin décembre, donc bien avant l’occupation, explique l’élu. On a fait examiner ce bâtiment par l’Agence de développem­ent et d’urbanisme de l’agglomérat­ion strasbourg­eoise (Adeus) et il a été classé en “bâtiment remarquabl­e”. Si la mairie fait classer un bâtiment, ce n’est pas pour le voir démolir ! », enrage l’élu.

« Cela fait vingt-cinq ans que cette ferme est à l’abandon. Des arbres, des branches poussent à l’intérieur, assure Valentin, le président du Bastion social Strasbourg. Si ça continue, on pourra passer une tondeuse à l’intérieur, alors on a pris les devants. » Le groupe promet de continuer son action de protection du patrimoine et d’accueil. « Il y a 500 maisons alsacienne­s qui sont détruites chaque année. Les projets du maire, c’est des paroles. Nous, on croit dans les actes, donc quand on verra des ouvriers arriver pour rénover… » Pour l’heure, l’incompréhe­nsion des habitants rencontrés face à cette occupation illégale et l’indignatio­n du maire prévalent. Jean Humann assure que désormais, « la décision d’expulsion est entre les mains du tribunal administra­tif puis du préfet ».

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Les occupants prétendent vouloir rénover la ferme alsacienne.

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