Le maire conteste l’occupation du Bastion social
Le Bastion social Strasbourg, groupe identitaire d’extrême droite, occupe illégalement depuis une semaine deux maisons inhabitées
Des drapeaux alsaciens rouge et blanc «Rot un Wiss» flottent aux fenêtres de deux maisons du village d’Entzheim, une petite commune près de Strasbourg. Mais aussi celui du Bastion social, groupe identitaire, ainsi qu’une grande banderole sur laquelle on peut lire « Arcadia maison solidaire et identitaire». Les allées et venues sont surveillées, et quelques barbelés flambant neufs «protègent» le portail d’entrée… Le décor est planté. Depuis une semaine, le groupe d’extrême droite occupe illégalement une ancienne ferme et une maison adjacente, toutes deux propriétés de la commune. « Un squat inadmissible » fulmine le maire Jean Humann, une « occupation non conforme », préfère dire le Bastion social.
Ses occupants prétendent sur leur page Facebook vouloir rénover la ferme alsacienne, « abandonnée par la mairie », et protéger le patrimoine Alsacien. Vouloir également ouvrir dès que possible, après des travaux, un lieu d’accueil « pour les Français les plus démunis ».
Le maire enrage
Des propos et une occupation qui offusquent le maire de la petite commune cossue : « Le droit de propriété, ça existe encore, explique le maire. Vous vous rendez compte quel exemple cela donne ? Quelqu’un vient, il prend un bien communal et se l’approprie ! Où va-t-on si on extrapole ce modèle-là ! » Le maire souligne qu’un projet de rénovation est en cours et précise avoir visité les lieux en 2016 avec l’Association pour la sauvegarde de la maison alsacienne (Asma). L’élu atteste également avoir commandé une évaluation du montant des travaux, les frais d’études, la rédaction du cahier des charges pour la rénovation de la vieille ferme afin de le soumettre au budget 2019, pour un montant de 200 000 €. « Une offre a été réceptionnée en mairie fin décembre, donc bien avant l’occupation, explique l’élu. On a fait examiner ce bâtiment par l’Agence de développement et d’urbanisme de l’agglomération strasbourgeoise (Adeus) et il a été classé en “bâtiment remarquable”. Si la mairie fait classer un bâtiment, ce n’est pas pour le voir démolir ! », enrage l’élu.
« Cela fait vingt-cinq ans que cette ferme est à l’abandon. Des arbres, des branches poussent à l’intérieur, assure Valentin, le président du Bastion social Strasbourg. Si ça continue, on pourra passer une tondeuse à l’intérieur, alors on a pris les devants. » Le groupe promet de continuer son action de protection du patrimoine et d’accueil. « Il y a 500 maisons alsaciennes qui sont détruites chaque année. Les projets du maire, c’est des paroles. Nous, on croit dans les actes, donc quand on verra des ouvriers arriver pour rénover… » Pour l’heure, l’incompréhension des habitants rencontrés face à cette occupation illégale et l’indignation du maire prévalent. Jean Humann assure que désormais, « la décision d’expulsion est entre les mains du tribunal administratif puis du préfet ».